Divin Enfantelet, que n'avez-vous paru
En notre Canada fourré de belle neige,
A l'ombre des sapins dont le feuillage dru
Sert de couche au colon que son « camp » neuf protège?
Jésus, si vous étiez venu naître chez nous,
Les femmes du Québec, de la Nouvelle-France,
Sur la molle toison d'un vieux mélèze roux,
Vous auraient balancé dans le ber en cadence...
Vos paupières clignant au choc d'un lumignon,
Vous auriez sommeillé sans souci de la bise,
En entendant des voix vous dire : « Mon mignon,
« Dormez ! » et puis chanter : « C'est la poulette grise ! »
Épiant votre rêve, ô cher Enfant divin,
Les mères de chez-nous, habiles filandières,
Au rouet ancestral auraient ouvré le lin
De la robe portée à vos marches premières...
Vous vous seriez joué dans nos tapis neigeux,
Et vous auriez goûté la tire délectable,
Jésus, si, délaissant le sol de vos aïeux,
Vous aviez préféré le pays de l'érable !
Mais vous avez paru dans l'Orient lointain,
La Vierge vous berça de chansons chaldéennes,
Et, lorsque se leva le solennel matin,
II n'était pas encor de mamans canadiennes !
Qu'importe ! maintenant, chaque jour, c'est Noël !
Dans toute âme, en tout lieu, vous venez naître encore ;
Ainsi qu'à Bethléem, vous descendez du ciel,
Éclairant l'univers d'une incessante aurore !
Pauvres femmes, tremblant devant le Pain sacré,
Nous nous ressouvenons de la nuit merveilleuse...
Et quand nous recevons le Seigneur adoré,
Notre cœur, pour l'Enfant, redit une berceuse !
(Simone Paré, Sur les routes de mon pays,
Ottawa-Montréal, Le Levrier, 1944, p. 15-17)
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