24 avril 2015

À glaise fendre

Maurice Beaulieu, À glaise fendre, Montréal, s. e., 1957, 52 p.

Beaulieu dédie À glaise fendre à sa femme. Le livre compte quatre parties, la première qui a donné son titre au livre faisant la moitié du recueil : À glaise fendre, Deux chansons, Transhumance, Connaissance.

« Nuit dure dans mon sang / Vomissure noire du vent / Il gèle à glaise fendre ». Ainsi va le premier poème d’À glaise fendre et il est à l’image de ce qui va suivre. Les poèmes sont très courts (plusieurs n’ont que deux vers), le « je » est presque toujours présent, le climat est plutôt morose, le vocabulaire est restreint. Les principaux motifs sont déjà donnés : d’une part le sang et la glaise, d’autre part le vent et le froid, et au final, le mal-être. Ainsi va le troisième poème : « Je suis au bout du vent / Le cri du sang ». Plus loin, en toute logique, on retrouve la douleur, les veines, la toundra, la mort. Bien que l’on soit plus près du corps que de l’âme, le poète trouve une représentation de sa douleur dans l’imagerie religieuse : « Au noir flanc nu du Christ en moi / Amas d’informe et aux abois / Corps inédit sans rédemption ». Tout comme le sang, la glaise est aussi un symbole de son être, les deux étant menacés par le vent et le froid, comme dans ce poème d’un seul vers : «  Ma glaise nue à tous les vents » ou encore dans ces deux vers : «  Ma douleur est si près de moi / Que j’habite ma glaise ».  On n’aborde presque jamais le réel et ces deux vers font exception : «  Dans une rue de Montréal / J’allais pleurant contre le vent ».

Dans Deux chansons,  les  poèmes sont plus légers.  « C’est la saison de l’ancolie » et «  Les jeunes filles du village / Ont à jamais des robes neuves ».

Transhumance propose quatre poèmes sur le thème du passage. Le sujet se projette dans de nouvelles représentations métonymiques : les mains,  et, dans une moindre mesure, le corps. Comme le titre le suggère, le poète  recherche  les rites de passages dans ces mains qui façonnent la glaise : « Mes mains pétries de vent de pluie / Mes mains de fou creusent ma glaise ».

Dans Connaissance, apparaît l’autre, le « tu », objet d’amour. « Tu es froment de nudité / Silencieuse plénitude / Mon sang et chair solitude / À la tendresse dédiée ». Et même le « Nous », présence rédemptrice : « Nos mains unies parmi le vent / Sont lieu de grâce pour ma glaise ».

Plusieurs mots reviennent de façon obsessive, comme chez André du Bouchet, parfois même à l’intérieur du même poème. Même si le « je » est très présent, cette poésie n’est guère lyrique. Le sujet se projette sur le monde extérieur, sans effusion, avec une grande économie de mots. Et, pour une fois, c’est le corps qui survit à la dualité corps-âme, chère aux poètes des années 50. « J’odore le froment de ta nudité / O ma fusante de sel ». J’aime bien. 

17 avril 2015

Larmes

Raymond Savard, Larmes, Montréal, Éditions Nocturne, 1955, 117 pages. (Présentations en prose et maquette de couverture de Claude Marceau)

Raymond Savard et Claude Marceau ont fondé les éditions Nocturne qui ont duré une dizaine d’années. Si je comprends bien, les auteurs qui publiaient sous leur bannière s’autoéditaient. 

Dommage qu’on n’ait pas d'expression pour la poésie naïve, comme c’est le cas pour la peinture. Bien entendu, il faudrait manier cette catégorie avec soin, car elle ne saurait excuser toutes les maladresses, les naïvetés. Raymond Savard fait de la poésie naïve, c’est-à-dire sans recherches verbales, pleine de bons sentiments, sur des thèmes éculés qu’il n’essaie pas de renouveler. Je ne m’acharnerai pas (ce serait mal venu, avec un retard de 60 ans) sur Larmes, ni sur l’auteur dont c’était le troisième recueil. Je suppose qu’il a dû trouver ses lecteurs. Des éditions Nocturne, je connaissais les vers de Carrier, qui me plaisent assez.

On a droit à deux épigraphes : la première, empruntée à Henry Miller, est pour les lecteurs: « Le monde est en larmes pour l’éternité. Le monde est baigné de larmes. Être joyeux, c’est être un fou en liberté dans un monde de tristesse et de fantômes… » La seconde, empruntée à La Bruyère, s’adresse aux critiques : « Le plaisir de la critique nous ôte celui d’être vraiment touchés de très belles choses ».

Le recueil s’ouvre sur le poème « Madame Justice » : « Certains critiques aveuglés / Par les phares de l’irréalité / Condamneront mes vers, et bouclés  /  Seront les succès convoités!».  Et c’est suivi d’un commentaire de Claude Marceau, dont voici la première phrase : « La Providence nous comble de dons multiples et pourtant quels sont ceux qui lui disent merci? » Bon, je n’irai pas contredire la Providence et encore moins provoquer Madame Justice. 

Savard aborde les sujets suivants : la justice, l’amour, l’hypocrisie, l’amour adolescent, l’amour qui torture, l’amour fou (« Femme, qui tous les soirs / Ne cessait de vagabonder / Dans mon cœur inondé / D’un unique et fol espoir! »), l’amour défendu (prostitution, péché de jeunesse), le souvenir amoureux, la souffrance amoureuse, le dépit amoureux, la beauté de la nature, le tempérament d’artiste, la perte des valeurs des jeunes et des artistes, etc.

Marceau propose de courtes réflexions sur l’injustice, les délices de l’amour perdu, la solitude (« Même les traîtres appas de la femme ne l’affectent plus. Le véritable bonheur… il le tient… puisqu’il est seul. »), l’importance des objets pour fixer les souvenirs, la fugacité du bonheur, l’amour en dehors du mariage, les illusions de l’amour, le mépris de l’amoureux abandonné.

Savard et Marceau entretiennent une forme de dialogue. Aux poèmes de Savard répondent quelques textes de Marceau. Savard se présente comme un grand amoureux déçu et Marceau comme le « sage » au-dessus de la mêlée.

Comme je l’ai dit au début, la poésie naïve ne fait de mal à personne, sauf quand elle dérape, ce qui arrive parfois dans ce recueil. Dans « Péchés d’automne », Savard raconte les amours d’un jeune couple et d’une fille qui se retrouve enceinte : « Il lui faudrait toujours pleurer / Verser des larmes, encore des larmes / N’ayant plus à perdre de charme / Puisqu’à l’automne, elle a péché! » Marceau, lui, a beaucoup moins de retenue : « Hypocrites, menteurs, jaloux, traîtres, voilà ce qu’on découvrira en toute franchise si on a l’audace de s’arrêter un instant et d’observer les êtres qui nous entourent. La femme n’est plus elle-même, elle refuse son appui à son époux, elle abandonne ses devoirs féminins pour s’introduire dans les couloirs réservés aux hommes, elle tente d’arracher au mâle son titre de conquérant et de chef, elle veut le dominer en cultivant chez elle ses qualités et ses défauts. L’adolescent, la fillette provoque effrontément l’adulte qui se voit contraint à devenir son égal. Ce ne sont là, hélas, que de tristes... constatations ! »

10 avril 2015

Otages de la joie

Gatien Lapointe, Otages de la joie, Montréal, Éditions de Muy, 1955, 43 pages.

Lapointe écrit dans un texte liminaire : « La chair exige de correspondre à la vie collective de l’âme afin d’y surprendre le culte inavoué de quelque divinité, ou bien celui d’un amour merveilleux et rare. / Le poète doit tout recommencer, si l’ange n’était pas attentif, à partir de cette humilité consciente de n’habiter un royaume grave et cher que si d’abord ce royaume l’affectionne et puis l’invite tout bonnement. »

Le recueil s’inscrit d’emblée dans ces motifs récurrents qui traversent les années 50, à savoir la tension entre la chair et l’âme et un sentiment d’étrangeté en regard de sa communauté d’appartenance.

Comment peut-on être « otages de la joie »? En quoi la joie peut-elle être coercitive? Cette joie, il me semble, se décline au passé et elle a deux sources : l’enfance et surtout l’amour. Le poète serait en quelque sorte prisonnier des temps heureux que retient sa mémoire.

L’enfance et l’amour ne sont pas vraiment incarnés. Ce sont presque des entités abstraites, l’une est associée aux temps premiers de l’innocence, l’autre à cette période de découverte de la chair, l’une période d’harmonie, l’autre de rupture. On pourrait (j’ose) presque dire : l’une, l’âme; l’autre, la chair. Et par sa poésie, il espère réunir le tout et retrouver cette ancienne harmonie qui le rendait heureux. (Probablement que ma tentative de rationalisation va trop loin mais, je le rappelle, ce blogue n’est rien d’autre qu’un carnet de lecture.)

Commençons par l’amour qui s’incarne dans un « tu » asexué : « J’ai sommeillé avec toi / Je conduisais un navire à travers le feu / Il y avait de vastes clartés sur ton front / Et toutes les musiques se rassemblaient ». Et, toujours, cette recherche d’une harmonie, d’un accord avec le monde : « Tu es toujours là pourtant / Toi que j’aime / Dans chaque éclosion des flammes // Et le monde s’unit à chacun de nos appels. » Cet amour a disparu en emportant ses certitudes : « Tu voulais toujours t’en aller / Un matin de lumière, t'as suivi ta route / Repliant au hasard ma belle certitude // Et les jours reviennent, sans toi / Toi qui réunis le soleil sur mon front / Sur les arbres de pluie dans mes songes / Où es-tu? dans quelle ville de clarté es-tu? »

L’enfance demeure le plus souvent en arrière-plan, comme une époque de référence. « Enfant de lumière enroulé dans l’odeur de sommeil / La fascination de l’étoile commande à tes pas / Les présents inviolés de la terre Couleurs de feu / Se contre balancent dans l’approche de nuit / Fenêtres du désir aux écharpes en deuil / Les otages de la joie ». Ici les thèmes l’amour et de l’enfance se télescopent, le second servant de balise-étalon au premier. Il me semble que la tension âme/chair trouve des symboles pour la porter. Et c’est encore plus clair dans ces vers : « Dans le cœur des saisons, le matin reboise / Les ténèbres meurtris du désir / Et tu retrouveras la liberté première de ton enfance // Les légendes que la vie nous racontait. »

En d’autres mots, le recueil m'apparait comme une tentative de réconcilier l’âme et la chair, de retrouver une harmonie perdue : « La terre doit survivre à la ruine de l’ange ». Et bien que les références religieuses soient rares, tout le sous-texte en est imprégné; au-delà des pouvoirs exutoires de l’art, il est évident que la religion a beaucoup à voir dans cette dissociation âme/chair : « Je quête dans l’accalmie du feu / Un verbe poétique qui va rapprocher de nos sens / L’intime perfection des formes // Le visage du Christ retrouvant toute sa joie. »

Il y a une nette progression depuis le recueil précédent. Lapointe se rapproche du style incantatoire qu’il usera dans Ode au Saint-Laurent. Mais il y a encore des lourdeurs et un choix du matériau littéraire qui va un peu dans tous les sens. Comme extrait, je propose le dernier poème du recueil, avec les quatre vers d’Éluard en épigraphe.

ÉCHO PARTAGÉ

Nous avons pénétré le feu
Il faut qu’il nous soit la santé
Nous nous levons comme les blés
Et nous ensemençons l’amour. (Paul Éluard)

J’ai marché les paumes ouvertes vers le feu
Ses couleurs ont transformé l’éclat de mon offrande
Le silence qui recompose partout les gestes parfaits

Il n’y a plus de bateaux aux ports des matins
La route qui m’a mené à ta rencontre
A fait naître tous les prodiges
Le monde nous attend pour boire ensemble
Au cœur profond de la terre

Longtemps j’ai marché dans les mémoires du feu
Tu étais l’étendue totale de ma prière
L’enfance oubliée renaissait à chacun de mes pas
Plus forte et plus sereine
Mon corps savait d’avance les rôles futurs

Aux frontières de la ville, j’ai vu luire la vérité
Quel appel conduit mon âme
Vers les festins nouveaux de la certitude
Équilibre du chemin au fil tendu de mes paupières
Pluies de nuit ont couvert le sol d’anneaux d’or
A chaque porte un azur sans tache s’est ouvert
Tant de moissons qu’on a mises en feu
Pour donner un cœur à l’automne

Et longtemps je me suis réchauffé à l’arôme de ce feu
J’ai recréé la musique innombrable des braises rompues
J’ai agrandi mot par mot les formes libres de la vie
Et tout ce que l’enfant imagine dans ses mains tendues

Notre amour a mûri l’éclosion des cendres
Cet étourdissement que fait l’aube sur les songes

Dans ton attente j’ai vécu de merveilles en merveilles
Tu étais l’écho partagé de ma confiance
Une fine clairière d’eau
A soudain rassemblé les images du bois mort

A cause de toi je tisserai mieux les lumières de l’été.

3 avril 2015

Les pas sur terre

Wilfrid Lemoine, Les Pas sur terre, Montréal, Chanteclerc, 1953, 125 pages.

Les Pas sur terre n’est pas qu’un recueil de poésie, même si l’essentiel est formé de poèmes. On y trouve aussi de petites pièces dramatiques et deux textes en prose. Le style de Lemoine est tantôt très simple, presque au premier degré, tantôt obscur, utilisant le procédé de l’allégorie.

Le recueil est formé de six parties. Il me semble que la recherche de l’identité sexuelle est au cœur du recueil. Tout le reste – le malaise qui découle d’une sexualité mal assumée - dérive de ce thème premier.

Le recueil s’ouvre sur des visions assez apocalyptiques de la ville : « Les tramways rampaient sur leurs fils d'acier / Comme des chenilles crevées remplies de pétrole / Incandescent / Et l'odeur des ouvriers sales se répandait dans la rue / Pour embuer les affiches criardes / Qui allumaient / Et éteignaient / Et rallumaient / Leurs mensonges rouges / Leurs rêves puérils / La contrefaçon de la ville ».

À l’instar des « poètes de la solitude », le poète se sent étranger dans ce monde: « Je marche dans le sable d'un chemin désert / Où les arbres m'effraient sous de longs bras morts / Mes semelles durcies traînent la poussière de celui que je fus / Jusque sur le chemin désert où j'avance meurtri ».

Le mal être est en partie causé par l’abandon amoureux : « Où es-tu quand je suis seul / A quoi penses-tu quand je rêve / Où vas-tu quand je marche / Dans les rues longues du soir / Qui vois-tu quand j'éteins ma lampe / Et brûle les papillons noirs / Quand le désir tourmente mon lit. […] / Appuyé au vieil érable de l’an passé / Si seulement tu passais / Et si je te voyais / J’ouvrirais les volets ». Peut-être est-ce tout autant l’amour défendu : « Angioletta petit Amour de Venise / La mer chaude d’Italie / Se mire bleue / Entre tes cils soyeux / Qui se referment / Et engloutissent / La chaleur de ton pays ».

Même barricadé dans « sa vérité », il sent que la pression du monde extérieur peut jeter à terre l’édifice : « Aujourd'hui le brouillard colle à mes fenêtres / Comme l'eau dans les hublots / Les corbeaux s'écrasent et meurent sur ma porte de fer / Sans que je frémisse / Le vent gémit dans les peupliers de mon jardin troublé / Mais je ne l'entends pas / Les murs tremblent et se lézardent en écoutant / Les bombardiers / Aujourd'hui le cataclysme revient mais je colle à ma vie / Comme la flamme noire au charbon rouge ».

Suivent quelques textes qui ne sont pas poétiques : « Le voleur de lune » est un scénario de ballet dans lequel un éphèbe, rejeté et fuyant, finit par trouver son double. Dans la « La route », deux personnages discutent de la vanité des projets humains, la mort en étant toujours l’aboutissement absurde. Dans « L’oasis », un homme rencontre une femme qui le dégoûte et part avec un « garçon ». Dans « La jungle », on retrouve la femme et une ombre, ombre qui se révèle être le garçon du désert de l’histoire précédente. Le discours est assez confus, mais c’est la plainte de la femme rejetée par l’homme qui en émerge. Dans « L’homme du désert », un narrateur rencontre un homme du désert qui refuse son aide. Dans « La pierre de lune », une jeune fille rencontre un « bel adolescent [qui] lui ressembl[e] trait pour trait » et finit par lui emprunter tous ses traits : « … un adolescent étendu dans l’herbe regardait surpris et avec amour son visage nouveau avec une pierre de lune au front où semblaient se dessiner vaguement les traits d’une jeune fille qu’on aurait cru être sa sœur. »

Le recueil se termine par une vision assez désespérante de l’automne. Hommes, bêtes et choses meurent sous l’action du froid. « Ils sont venus les grands arbres morts de novembre / … / Je les ai vus les animaux affamés de novembre / … / Et je l’ai entendu le cri des hommes de novembre / Figé dans la glace qui se forme ».

1 avril 2015

La poésie québécoise des années 50


Quand on bouquine dans les livres anciens, comme je le fais depuis plusieurs années, on est étonné de découvrir le nombre incalculable de recueils de poésie qui ont été publiés. Autour des années 20, particulièrement, ça semble un puits sans fonds. Les années 50, aussi, me semblent une période faste, non seulement à cause du nombre de recueils et de maisons d’édition, mais aussi en raison de l’expérimentation aussi bien graphique que poétique qu’on y rencontre.

Les Éditions de l’Hexagone font figure de proue, ce qui n’empêche pas plusieurs petites maisons, souvent éphémères, de voir le jour. Les Éditions Atys (Gilbert Langevin), les Éditions Quartz (Diane Pelletier-Spiecker et Micheline Sainte-Marie), les Éditions de Malte (André Roche), les Éditions de Muy (Georges Cartier), les Éditions de l’Aube (Georges Dor), les Éditions de la Cascade (Jean-Louis Brouillé), les Éditions Nocturne (Claude Marceau et Raymond Savard), les Éditions Goglin (Françoise Bujold) et les Éditions de l’Arc (Gilles Vigneault) contribuent au bouillonnement poétique qui précède la Révolution tranquille. En 1959, huit maisons d’édition sont dédiées à la poésie (Jacques Michon et al., HÉLQ, 2004, p. 275-278) Et c’est sans compter ERTA, ORPHÉE, et quelques maisons généralistes comme Fides, Beauchemin, Chanteclerc, Fernand Pilon qui publient des recueils à l’occasion.

Loin de moi l’idée de dégager les lignes de force de la poésie québécoise des années 50. Je suis un lecteur explorateur, je vais à gauche et à droite et, ces temps-ci, je vagabonde dans la poésie des années 50. Ceci étant dit, il me semble que l’introspection (et non la recherche identitaire chère à l’Hexagone) est l’approche la plus usuelle. Ou, si vous préférez, on s’occupe encore davantage du destin personnel que du destin collectif.

J’ai déjà blogué quelques recueils qui sont devenus des classiques : Escale (1950) de Rina Lasnier, Le Tombeau des rois (1953) d’Anne Hébert, Totems (1953) de Gilles Hénault, Deux Sangs (1953) de Miron-Marchand. J’ai aussi présenté plusieurs poètes de l’Hexagone retenus dans la collection Les Matinaux : Des jours et des jours (1954) de Luc Perrier, Les cloîtres de l'été (1954) de Jean-Guy Pilon, Ces anges de sang (1955) de Fernand Ouellette, Du centre de l'eau (1955) de Jean-Paul Filion, Portes sur la mer (1956) de Louise Pouliot, Poèmes de Russie (1957) de Pierre Trottier, Poèmes de l'Amérique étrangère (1958) de Michel van Schendel. À ceux-ci, il faut ajouter Séquences de l’aile, de Fernand Ouellette (1958) publié à l’Hexagone, mais non dans Les Matinaux.

J’ai annoncé, il y a quelque temps, que j’allais présenter six recueils des années 50 dans les semaines à venir. Je viens de bloguer Sylvain Garneau, Fernand Dumont et Gatien Lapointe. Depuis, j’en ai ajouté quelques-uns à ma liste qui en compte maintenant 10. Pour moi, la plupart sont des découvertes.

Objets trouvés (1951) de Sylvain Garneau
L’Ange du matin (1952) de Fernand Dumont
Jour malaisé (1953) de Gatien Lapointe
Les Pas sur terre (1953) de Wilfrid Lemoine
Otages de la joie (1955) de Gatien Lapointe
Les Temples effondrés (1957) d’Yves Préfontaine
Matin sur l'Amérique (1958) d’André-Pierre Boucher
Les Pavés secs (1958) de Jacques Godbout
Geôles (1959) de Michelle Lalonde
Les Enfants continuels (1959) de Suzanne Paradis

Je vais probablement en ajouter encore quelques-uns parmi les suivants:
Larmes (1955) de Raymond Savard
À glaise fendre (1957) de Maurice Beaulieu
Les Poèmes de la sommeillante (1958) de Micheline Sainte-Marie
Cherche tes mots cherche tes pas (1958) de Roch Carrier
Songe de la fiancée détruite (1958) de Michèle Lalonde
La Duègne accroupie (1959) de Michèle Drouin

La tournée poétique des années 50 ne sera pas complète pour autant, et j’y reviendrai sans doute plus tard. Il y a toujours Brochuges de Gauvreau (1956) qui m’attend depuis longtemps sur les rayons. Et dans le sillage de Gauvreau, il y a ces Ertas hors de prix que je n’ai pas : Yeux fixes (1951) de Roland Giguère, Le Sommeil et la neige (1956) de Claude Haeffely, Au catalogue des solitudes (1956) de Françoise Bujold, Osmonde (1957) de Jean-Paul Martino. À ceux-ci j’ajouterais peut-être : Les Cris (1957) de Pierre Chatillon, Portes closes (1959) de Georges Dor, Objets de la nuit (1959) de Jean-Paul Martino et Présence de l’absence (1956) de Rina Lasnier.

Cette liste a été mise à jour à quelques reprises.    SUIVEZ CE LIEN.

LA POÉSIE DES ANNÉES 50 (liste sans doute incomplète et, probablement, non sans erreurs. Revue le 16-05-2015)

1959
Arsenault Guy
L'Eau, la montagne et le loup. Petite cosmologie de mes haines. Essais poétiques, Montréal, Éd. Goglin, 104 p.
1958
Aubier Michel
Au grand soleil de l’avenir, Montréal, Beauchemin, 78 p.
1958
Baillargeon Anita
Langage du cœur, Québec, s. e., 80 p.
1957
Beaulieu Maurice
À glaise fendre, Montréal, s.e., 52 p.
1958
Beaulieu Maurice
Il fait clair de glaise, Montréal, Orphée, 95 p.
1954
Bessette Gérard
Poèmes intemporels, Monte-Carlo, Regain, 59 p.
1957
Boisseau Albertine G.
Chants d’automne, Beauceville, André Gauvin, 118 p.
1959
Boisvert Laurent
Crédo d'un athée, s.l., Montréal, Nocturne, 28 p.
1955
Boivert Réginald
Le Temps de vivre, Montréal, Cité libre, 44 p.
1956
Boucher André-Pierre
Fuites intérieures, Montréal, Orphée, 95 p.
1958
Boucher André-Pierre
Matin sur l’Amérique, Montréal, Orphée, 51 p.
1957
Brault Jacques
Trinôme, Montréal, Jean Molinet, 57 p.
1956
Brien Roger
Vols et plongées, Nicolet, Centre marial canadien, 129 p.
1957
Brochu André
Étranges domaines, Montréal, Éd. de la Cascade, 46 p.
1956
Bujold Françoise
Au catalogue des solitudes, Montréal, Erta, s.p., 20 f.
1958
Bujold Françoise
La Fille unique, Montréal, Éd. Goglin, s.p., 17 f..
1956
Carrier Roch
Les Jeux incompris, Montréal, Nocturne, 22 p.
1958
Carrier Roch
Cherche tes mots, cherche tes pas, Montréal, Nocturne, 22 p.
1954
Cartier Georges
Hymnes : Isabelle, Montréal, Éd. De Muy, 91 p.
1955
Cartier Georges
Mort à vivre, Alines, CELF, 44 p.
1955
Cartier Georges
Laves et neiges, Montréal, Éd. De Muy, 49 f.
1952
Charbonneau Jean
Sur la Borne pensive. L'Écrin de Pandore. Poème, Paris, Alphonse Lemerre, 246 p.
1951
Charpentier Gabriel
Amitiés errantes, Paris, Seghers, 35 p.
1958
Choquette Gilbert
Au loin l’espoir, Montréal, Chez l’auteur, 49 p.
1953
Choquette Robert
Suite marine, poème en douze chants, Montréal, Péladeau, 330 p.
1954
Constantineau Gilles
La Pêche très verte, Montréal, s.e., n.p.
1955
Côté Jean
Deux ombres, s.l., s.e., 58 p.
1952
Desjardins-Versailles Germaine
Je Suis Marie Ou Celle Qui Vient, Nicolet, Centre marial canadien, 166 p.
1959
Després Ronald
Silences à nourrir de sang, Montréal, Orphée, 140 p.
1950
Deyglun Serge
Né en trompette, Montréal, Éd. de Malte, 62 p.
1952
Dion-Lévesque Rosaire
Jouets. Poèmes d’inspiration enfantine, Montréal, Chantecler, 72 p.
1955
Dor Georges
Éternelles saisons, Trois-Rivières, s.e., 48 p.
1956
Dor Georges
La Mémoire innocente, Montréal, L’Aube, 48 p.
1959
Dor Georges
Portes closes, Montréal, L’Aube, 44 p.
1955
Doucet Louis-Joseph
Les Aubes mortes, Montréal, s.e., 200 p.
1957
Doucet Louis-Joseph
Arabesques et Fleurs, s.l., Chez l’auteur, 200 p.
1957
Doucet Louis-Joseph
Les Intermèdes, Montréal, s.e., 200 p.
1959
Drouin Michèle
La Duègne accroupie, Montréal, Ed. Quartz, 42 p.
1952
Dumont Fernand
L'Ange du matin, Montréal, Les Éd. de Malte, 79 p
1955
Dussault Jean-Claude
Proses. Suites lyriques, Montréal, Orphée, 119 p.
1956
Dussault Jean-Claude
Le Jeu des brises, Montréal, Orphée, 51 p.
1958
Dussault Jean-Claude
Sentences d’amour et d’ivresse, Montréal, Orphée, s.p.
1959
Ferland Réal
Carrousel, Montréal, Nocturne, 37 p.
1955
Filion Jean-Paul
Du centre de l’eau, Montréal, L’Hexagone, 28 p.
1955
Fournier Claude
Les Armes à faim, Montréal, s.e., 44 p.
1956
Fournier Claude
Le Ciel fermé, Montréal, L’Hexagone, 44 p.
1958
Fournier Guy
Terres prochaines, Montréal, Orphée, 79 p.
1951
Garneau Sylvain
Objets trouvés, Montréal, Éd. de Malte, 93 p.
1952
Garneau Sylvain
Les Trouble-fête, Montréal, Éd. de Malte, 77 p.
1956
Gauvreau Claude
Sur fil métamorphose, Montréal, Erta, 55 p.
1956
Gauvreau Claude
Brochuges, Montréal, Éd. de Feu-Antonin, 63 p.
1957
Gervais Guy
Le Froid et le fer, Montréal Éd. de la Cascade, 30 p.
1950
Giguère Roland
Trois pas, Montréal, Erta, s.p.
1950
Giguère Roland
Les Nuits abat-jour, Montréal, Erta, s.p.
1951
Giguère Roland
Midi perdu, Montréal, Erta, s.p.
1951
Giguère Roland
Yeux fixes, Montréal, Erta, 20 p.
1953
Giguère Roland
Images apprivoisées, Montréal, Erta, s.p.
1954
Giguère Roland
Les Armes blanches, Montréal, Erta, s.p.
1957
Giguère Roland
Le Défaut des ruines est d’avoir des habitants, Montréal, Erta, 107 p.
1959
Giguère Roland
Adorable femme des neiges, Aix-en-Provence, Erta, s.p.
1950
Giguère Roland & Koenig Théodore
Le Poème mobile, Montréal, Erta, 6 p.
1958
Gingras Joseph
Fidélité, Montréal, s.e., 94 p.
1956
Godbout Jacques
Carton-pâte, Paris, Seghers, 38 p.
1958
Godbout Jacques
Les Pavés secs, Beauchemin, Montréal, 93 p.
1957
Grandbois Alain
L'Étoile pourpre, Montréal, L’Hexagone, 79 p.
1951
Grandmont Éloi de
Premiers secrets, Montréal, les Éd. de Malte, 91 p.
1953
Grandmont Éloi de
Plaisirs. Poèmes. Avec une chanson de Maurice Blackburn, Montréal, Chantecler, 30 p.
1954
Grandmont Éloi de
Dimanches naïfs, Paris, Librairie des lettres, s.p.
1957
Groulx Gilles
Poèmes, Montréal, Orphée, 43 p.
1954
Haeffely Claude
La Vie reculée, Montréal, Erta, s.p.
1956
Haeffely Claude
Le Sommeil et la neige, Montréal, Erta, s.p.
1958
Hamel Louis-Paul
Poèmes. Premier recueil 1948-52, Chez l'auteur, 47 p.
1958
Harvey Jean-Charles
La Fille du silence, Montréal, Orphée, 127 p.
1953
Hébert Anne
Le Tombeau des rois, Québec, s.e., 76 p.
1953
Hénault Gilles
Totems, Montréal, Erta, s.p.
1951
Hertel François
Mes Naufrages, Paris, Éd. de l'Ermite, 20 p.
1951
Hertel François
Jeux de mer et de soleil, Paris, Éd. de l'Ermite, 29 p.
1957
Horic Alain
L'Aube assassinée, Montréal, Erta, 38 p.
1950
Koenig Théodore
Clefs neuves, Montréal, Erta, 46 p.
1950
Koenig Théodore
Décanté, Montréal, Erta, 50 f.
1954
Koenig Théodore
Le Jardin zoologique écrit en mer, Montréal, Erta, 31 p.
1951
L’Archevêque-Duguay Jeanne
Dans mon jardin, Montréal, Fides, 254 p.
1958
Lafond Guy
J’ai choisi la mort, Montréal, Éd. du Centre d’essai, 69 p.
1958
Lalonde Michèle
Songe de la fiancée détruite, Montréal, Orphée, 46 p.
1959
Lalonde Michèle
Geôles, Montréal, Orphée, 41 p.
1959
Langevin Gilbert
À la gueule du jour, Montréal, Atys, 26 p.
1953
Lapointe Gatien
Jour malaisé, Montréal, s.e., 93 p.
1955
Lapointe Gatien
Otages de la joie. Poèmes, Montréal, Éd. de Muy, 44 p.
1951
Larouche Georges
Élans d'Amour, S. l., Collection Boréale, 99 p.
1950
Lasnier Rina
Escales, Trois-Rivières, Le Bien Public, 149 p.
1956
Lasnier Rina
Présence de l'absence, Montréal, L’Hexagone, 67 p.
1954
Lavoie Carmen
Saisons de Bohème, Québec, Éd.  Caritas,122 p.
1957
Leclerc Gilles
La Chair abolie, Montréal, Éd. de l'Aube, 63 p.
1951
Legris Isabelle
Les Ascensions captives, Montréal, Éd. du Mausolée, 77 p.
1953
Lemoine Wilfrid
Les Pas sur terre, Montréal, Chantecler, 125 p.
1955
Lemoine Wilfrid
Réhabiliter l’homme dans l’amour de son mystère, Montréal, L’Autorité, 127 p.
1957
Lévesque Claire
Le Pouls de ma vie, Montréal, Albert Lévesque, 44 p.
1957
Major Charbonneau Rolande
Dans mes souliers rouges : poèmes (1950-1957), Montréal, Éd. Clair-flo, 43 p.
1958
Major Jean-René
Les Archipels signalés, Montréal, Erta, s.p.
1950
Malouin Reine
Inviolata, poème allégorique, Québec, Le Soleil, 153 p.
1958
Marceau Alain
À la pointe des yeux, Montréal, L’Hexagone, 30 p.
1958
Marchand Olivier
Crier que je vis, Montréal, L’Hexagone, 32 p.
1953
Marchand Olivier & Miron Gaston
Deux sangs, Montréal, L’Hexagone, 67 p.
1957
Martino Jean-Paul
Osmonde, Montréal, Erta, 51 p.
1959
Martino Jean-Paul
Objets de la nuit, Montréal, Quartz, 40 p.
1959
Massicotte Françoise
Sérénité, Montréal, s.e., 116 p.
1957
Mercier-Gouin Olivier
Poèmes et chansons, Montréal, Beauchemin, 1957, 62 p.
1957
Mercure Paul
Les Cris, Montréal, Éd. de l'Aube, 62 p. (Pierre Chatillon)
1958
Michon Guy
Perds-moi encore, Montréal, Nocturne, 53 p.
1956
Murray Simone G.
Clairs obscurs, Monte-Carlo, Regain, 94 p.
1956
Nadeau Monique
Sanglots de rue, Montréal, Nocturne, 74 p.
1955
Ouellette Fernand
Ces anges de sang, Montréal, L’Hexagone, 30 p.
1958
Ouellette Fernand
Séquences de l’aile, Montréal, L’Hexagone, 33 p.
1959
Paradis Suzanne
Les Enfants continuels, Chalesbourg, Ateliers Michaud, 68 p.
1957
Pelletier Georgette
Plaisir d'amour, Montréal, Nocturne, 60 p.
1958
Pelletier-Spiecker Diane
Les Affres du zeste, Montréal, Quartz, 16 f.
1954
Perrier Luc
Des jours et des jours, Montréal, L’Hexagone, 30 p.
1950
Piché Alphonse
Voie d'eau, Montréal, Éd. Fernand Pilon, 56 p.
1953
Pilon Jean-Guy
La Fiancée du matin, Montréal, Amicitia, 60 p.
1954
Pilon Jean-Guy
Les Cloîtres de l'été, Montréal, L’Hexagone, 30 p.
1957
Pilon Jean-Guy
L'Homme et le Jour, Montréal, L’Hexagone,, 53 p.
1957
Pouliot André
Modo pouliotico, Montréal, Cahier de la file indienne, 43 p.
1956
Pouliot Louise
Portes sur la mer, Montréal, L’Hexagone, s.p.
1957
Préfontaine Yves
Boréal, Montréal, Orphée, 52 p.
1957
Préfontaine Yves
Les Temples effondrés, Montréal, Orphée, 83 p.
1959
Robert Guy
Broussailles givrées, s. l., Éd. Goglin, 71 p.
1958
Sainte-Marie Kline Micheline
Les Poèmes de la sommeillante, Montréal, Éd. Quartz, 48 p.
1957
Saint-Jacques-Guimont Marie
À la limite des choses, Montréal, Beauchemin, 89 p.
1952
Savard Raymond
Rayons d’espoir, Montréal, Nocturne, 22 p.
1953
Savard Raymond
La Nuit des songes, Montréal, Nocturne, 76 p.
1955
Savard Raymond
Larmes, Montréal, Nocturne, 117 p.
1957
Savard Raymond
Reflets, Montréal, Nocturne, 72 p.
1958
Taillefer Marie-Estelle
La Fille aux yeux d'oiseau, Montréal, Orphée, 55 p.
1951
Trottier Pierre
Le Combat contre Tristan, Montréal, Éd. de Malte, 82 p.
1957
Trottier Pierre
Poèmes de Russie, Montréal, L’Hexagone, 48 p.
1953
Trudeau Claude Bernard
Dans les jardins de la vie et de l'amour, Montréal, Beauchemin, 85 p.
1950
Vaillancourt Emma
De l'aube au couchant, Québec, s.e., 154 p.
1958
Van Schendel Michel
Poèmes de l'Amérique étrangère, Montréal, L’Hexagone, 46 p.
1952
Venne Rosario
La chaîne aux anneaux d'or, Montréal, Chanteclerc, 84 p.
1956
Vernal François De
Pour toi, Montréal, Éd. du Soir, 46 p.
1957
Viau Roger
Unis à l’inconnu, Montréal, Nocturne, 68 p.
1959
Vigneault Gilles
Étraves, Québec, Éd. de l’Arc, 167 p.