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6 avril 2021

Première moisson

Adalbert Trudel, Première moisson, Québec, Les éditions du Soleil, 1929, 188 p.

Dans son recueil Sous la faucille, publié en 1931, Trudel laissait entendre que Première moisson avait fait l’objet de sarcasmes. Pourtant le recueil s’inscrit tout à fait dans les courants dominants de l’époque, plus près de Lozeau que de Lemay ou Paul Morin.

Les 157 premières pages du recueil sont toutes d’une venue, même si on peut distinguer des thèmes. Le début groupe plusieurs poèmes religieux, dont Le chapelet : « Ô chaîne aux cinquante chaînons, / Implorant, Vierge, ta clémence, / Chapelet que nous égrenons / Pleins d’espérance ». Suivent plusieurs poèmes d’inspiration romantique. On a droit au très commun passage du temps : « L’immuable cadran souligne de son doigt / La fuite de nos jours… » (La fuite des heures). Ce thème, comme le veut la tradition, s’exprime à travers la nature : « Où s’est donc envolé notre premier secret? / Peut-être comme une aile en rasant la forêt / A-t-il pris le chemin qui se fond dans l’espace » (Notre premier secret).

Pour clore le recueil, deux longs poèmes : La mort de Lozeau est représentée dans un dialogue rimé entre le poète et sa muse. Celle-ci voudrait qu’une dernière fois, avant de mourir, le poète puisse laisser chanter sa lyre, ce à quoi ce dernier ne s’oppose pas, tout en admettant que ce chant, c’est déjà celui de l’au-delà : « Alors que tout s’écroule autour de ma personne, / Je n’ai plus rien à dire avant d’aller vers Dieu; / Plus rien qu’un dernier mot dont la chanson frissonne / Ainsi que l’Angelus de chaque soir : adieu! » Les ombres qui reviennent sont celles du passé, de l’enfance heureuse, de la jeunesse douloureuse. Le recueil se termine par cette strophe : « Oh ce long flot de rêve / Qui s’abaisse et s’élève! / Cette vibration / Dont l’image muette / Rend mon âme inquiète! / Ô rythmes obsesseurs/ Tristes comme des pleurs! »

Adalbert Trudel sur Laurentiana
Sous la faucille

 
 

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