15 janvier 2007

La Rivière-à-Mars

Damase Potvin, La Rivière-à-Mars, Montréal, Totem, 1934, 222 p.

Dans ce récit ethnographique, Potvin s’inspire de la petite histoire du Saguenay. Il raconte l’installation de la « Société des vingt-et-un » à Grande-Baie (Baie des Ha! Ha!) en 1838, ce qui marque les débuts de la colonisation au Saguenay. Cette société devait alimenter les scieries de William Price, déjà installées dans la région.


Alexis Maltais, dit Picoté, vit avec sa femme Élisabeth et ses deux fils sur une terre rocailleuse de la Malbaie. Il réussit à convaincre un groupe de colons de le suivre dans l’aventure de Grande-Baie. Ils s’embarquent sur la goélette Sainte-Marie et remontent le Saguenay. Ils veulent d’abord exploiter une pinière et, éventuellement, faire de la terre. Ils s’installent dans la baie des Ha! Ha!, près de la rivière-à-Mars. Le premier hiver est dur, mais ils réussissent à survivre. Ils pratiquent une agriculture de survivance, tout en menant leurs travaux forestiers. Ainsi vont les premières années jusqu’au grand feu (celui de 1846 : fait historique) qui détruit la forêt environnante. Ils se lancent alors résolument dans l’agriculture. Le temps passe, les enfants grandissent, Maltais vieillit. À partir d’ici, Potvin introduit le ressort dramatique par excellence du roman du terroir : la transmission de l’héritage. Arthur, le plus jeune fils de Maltais, celui-là même qui se préparait à assurer la relève, se noie. Sa fille épouse un travailleur d’usine, donc est aussi perdue pour l'agriculture. Quant à son autre fils, Pierre, il fréquente une « sautilleuse » de Chicoutimi, n’aime pas la terre et finit par quitter la région pour le Maine. Le vieux, malade, doit vendre sa terre. Il s’installe au village, la mort dans l’âme. La fin lui laisse un peu d’espoir : son petit-fils semble attiré par l'agriculture.

Ce roman emprunte beaucoup à Maria Chapdelaine, parfois même certaines scènes : la cueillette des bleuets, l’orignal dans le clos des vaches, la mort d'un homme dans une tempête de neige. Potvin décrit la vie des pionniers, leur dur labeur pour conquérir un nouveau pays. Tout comme Hémon, il oppose la ville et la campagne, les États-Unis et le Québec.

Le roman est intéressant si on n’accorde pas trop d’importance à l’intrigue. Le récit de Potvin compte beaucoup de descriptions, pas toujours bien intégrées à l’intrigue. Il décrit l’installation des premiers colons, le grand feu de 1846, les rouages d’une exploitation forestière, d’un moulin à scie. Il connaît son histoire régionale (il est natif de Grande-Baie) et, parfois, son désir d'intégrer un événement ou une pratique pittoresque l'emporte sur son travail de romancier. Enfin, la culture du sol est présentée comme une occupation plus noble que le travail forestier, ce qui est surprenant quand on sait que c'est la forêt qui fut le moteur de développement économique de cette région.

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