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13 décembre 2019

La première Canadienne dans le Nord-Ouest

 Georges Dugas, La première Canadienne dans le Nord-Ouest, Montréal, Cadieux et Derome, 1883, 112 pages et Un voyageur des pays d’en-haut, Montréal, Beauchemin, 1890, 142 p.

Cette semaine, je fais exception; je présente deux livres dont j’ai corrigé la version texte sur Wikisource. Il s’agit de La première Canadienne dans le Nord-Ouest (1883) et Un voyageur des pays d’en-haut (1890) de Georges Dugas. Ce ne sont pas des écrits littéraires, loin de là, mais plutôt des biographies assez sommaires sur deux pionniers de l’Ouest. Dans le premier, l’abbé Dugas (il signe Dugast) raconte l’histoire de « Marie-Anne Gaboury, arrivée au Nord-Ouest en 1806, et décédée à Saint-Boniface à l’âge de 96 ans ». Cette femme, qui travaillait auparavant dans un presbytère, épouse Jean-Baptiste Lajimonière, un voyageur du Nord-Ouest, et le suit dans ses nombreuses pérégrinations au Manitoba et en Saskatchewan. Dans le second volume, Dugas raconte la vie de Jean-Baptiste Charbonneau, un maçon né à Boucherville en 1795, et parti vers l’Ouest pour le compte de la Compagnie de la Baie d’Hudson en 1815. Ce sera l’occasion de raconter la vie des « voyageurs », depuis leur départ de Lachine jusqu’au nord des provinces de l’Ouest, leur quotidien souvent difficile, leurs exploits et leurs déconvenues.

L’auteur s’interroge sur ce qui poussait tant des jeunes hommes à tout abandonner pour cette vie difficile, semée d’embûches, parfois mortelles. : « La seule explication possible de ce goût étrange qui faisait abandonner si gaiement la vie civilisée pour la vie sauvage, était l’amour d’une liberté sans contrôle. Il est bien vrai que le serviteur engagé aux compagnies marchandes n’était pas complètement libre de ses mouvements : il devait à ses maîtres un rude travail pendant plusieurs années ; mais les courses qu’il faisait à travers les immenses plaines ; les horizons sans bornes qui se déroulaient devant lui ; le ciel pur dont on jouit presque continuellement au Nord-Ouest ; tout cela lui faisait oublier les liens de servitude qui le retenaient captif ; il se croyait libre du moment qu’il était hors de la vue de ses maîtres, et cela lui suffisait. »

Pour ce qui est des femmes, elles étaient beaucoup plus rares, en fait Marie-Anne Gaboury était une exception. Elle fut longtemps la seule blanche dans ces contrées, si bien que les Autochtones faisaient des détours pour venir la voir. Il lui arriva plus d’une fois de se retrouver seule, son mari étant parti en expédition de chasse, et même d’enfanter, au milieu de nulle part, dans une tente.

L’auteur ne s’en cache pas, la biographie de ces deux personnages lui sert de prétexte pour raconter l’histoire de l’Ouest entre 1800 et 1880.  Ce qui ressort, ce sont les luttes impitoyables que la compagnie d’Hudson et la compagnie du Nord-Ouest se faisaient pour obtenir le monopole des fourrures jusqu’à ce qu’elles décident de fusionner en 1821. 

Ce qu’on comprend aussi, ce sont les relations souvent difficiles entre les Canadiens et les « natifs ». Même si Dugas n’a pas toujours une haute opinion des autochtones, du moins essaie-t-il à l’occasion de mettre en relief la légitimité de leurs frustrations : 

« La manière perfide et malhonnête dont les traités furent observés par les agents des sauvages, fut la première cause des mécontentements qui amenèrent le massacre de la rivière Saint-Pierre en 1862.
Tous les employés des différents offices s’entendaient entre eux pour exploiter les Sioux et les irriter. Les spéculations les plus véreuses étaient faites, par les agents, sur les terrains et sur les objets destinés aux sauvages. Les spéculateurs ne s’inquiétaient nullement des mécontentements qu’ils soulevaient, et continuaient leurs exactions. Les pauvres sauvages qui voulaient formuler leurs plaintes, étaient traités avec hauteur et rudesse ; on refusait d’entendre leurs demandes les plus légitimes, et de redresser les abus les plus criants. Au vol les officiers du gouvernement joignaient les scandales de l’immoralité la plus dégradante. Les femmes et les filles des sauvages étaient violées sous les yeux de leurs maris et de leurs parents. 
En 1862, un agent ayant reçu $400,000, qui devaient être payés aux sauvages, en vertu du traité, donna toute cette somme à différents traiteurs, qui prétendaient avoir des créances contre les sauvages. Un autre agent garda pour lui $55,000, en compensation de quelques déboursés qu’il avait été obligé de faire pour obtenir l’assentiment d’un chef, lors d’un traité. Enfin la destitution du chef sioux par les agents, sans l’assentiment de la tribu, acheva d’exaspérer les esprits ; on n’attendait plus pour agir qu’une occasion favorable, qui ne tarda pas à se présenter. »

Ce sont deux livres très faciles qui nous aident à comprendre les romans qui ont comme trame narrative l’histoire des pays d’en haut.

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Sur Laurentiana, d’autres livres sur le Nord-Ouest
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La bête errante de Louis-Frédéric Rouquette
Légendes du Nord-Ouest de Georges Dugas
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