Alice Lévesque-Dubé, Il y a soixante ans, Montréal, Fides, 1943, 158 pages.
Dans Il y a soixante ans, Alice Lévesque-Dubé nous présente des souvenirs d’enfance. Dans sa préface, son fils Rodolphe (François Hertel) emploie l’expression « folklore de la vie quotidienne et familière » pour désigner le travail de sa mère, ce qui me semble assez juste. Levesque-Dubé s’intéresse moins aux gens qu'au décor physique, aux objets, aux travaux domestiques et agricoles, aux événements sociaux, aux loisirs qui égayaient la vie d’une petite campagnarde dont les parents cultivaient une terre. Elle parle un peu de son père (un fermier qui possédait une bibliothèque), un peu de sa mère et de l’aïeule. Elle jette un regard tendre et nostalgique sur un monde qu’elle a connu « il y a soixante ans », un monde en train de s’éteindre, pas nécessairement au profit d’un monde meilleur. Tout cela baigne dans l’idéologie de conservation : le bonheur de la famille, la pureté des mœurs de la campagne, les lumières de la religion…
L’écriture sans recherche coule allègrement. Ceux et celles qui ont déjà lu du terroir apprendront peu de choses, mais je conseille quand même ce livre à qui voudrait accomplir un petit voyage nostalgique dans le passé. Ce livre a le mérite d’éviter toute lourdeur.
Le recueil compte 40 courts chapitres. La table des matières vous donne une idée très juste du contenu:
II y a soixante ans - La vieille maison - La bibliothèque de chez nous - Le vieux livre de messe - La grande horloge - Ma première leçon d'Histoire Sainte - Le vieil Almanach - Une vieille coutume - La maison des quêteux - Petit Son - Au grenier - Vieux meubles - Chansons - A la claire fontaine - II était un petit navire - Portraits sur le zinc - Teintures d'autrefois - Les fileuses - Chapeaux de paille - Le fondeur de cuillers - Grand'mère fait son savon - Poterie ancienne - Nos grand'mères - La boîte aux boutons - Faisons de la chandelle - Les distances - Ah ! les beaux petits poulets! - Le petit ruisseau - Le petit sentier - La croix du coteau - L'acheteur de moutons - On tond les moutons - Allons aux fruitages – Moisson- Les ailes brisées - Les petites vieilles - Les petits commençants - Au coin du feu - Au royaume des fées - La prière d'une mère de famille
Comme extrait, je vous présente la tradition du « pain bénit », tradition déjà lue dans L’Erreur de Pierre Giroir.
ExtraitII existait aussi, avant la fondation des hospices, l'infortuné qu'on nommait, je ne sais trop pourquoi, « un pain bénit ». Je m'imagine que ce nom dérivait de la coutume du pain bénit distribué à l'église et que chacun donnait à son tour.
Ces pauvres impotents étaient transportés, sans leur consentement, d'une maison à l'autre. La plupart du temps aigris, souffrants, mal soignés, ils étaient d'humeur revêche et pas très reconnaissants. On ne les gardait pas longtemps ; quelques jours, puis la maîtresse de maison fatiguée, exténuée, disait à son mari : « Essaye de m'en débarrasser demain ».
Au petit jour, on les installait dans une charrette, sur leur chaise de malade. Rendu à une certaine distance, devant une maison jouissant d'une réputation charitable, l'homme faisait reculer le véhicule vis-à-vis de la galerie et y déposait son contenu. Quand les gens de la maison n'en avaient pas eu connaissance, il frappait à la porte et disait : Je vous amène « un pain bénit », puis il se hâtait de déguerpir pour éviter les reproches. (p. 41-42)
Dans Il y a soixante ans, Alice Lévesque-Dubé nous présente des souvenirs d’enfance. Dans sa préface, son fils Rodolphe (François Hertel) emploie l’expression « folklore de la vie quotidienne et familière » pour désigner le travail de sa mère, ce qui me semble assez juste. Levesque-Dubé s’intéresse moins aux gens qu'au décor physique, aux objets, aux travaux domestiques et agricoles, aux événements sociaux, aux loisirs qui égayaient la vie d’une petite campagnarde dont les parents cultivaient une terre. Elle parle un peu de son père (un fermier qui possédait une bibliothèque), un peu de sa mère et de l’aïeule. Elle jette un regard tendre et nostalgique sur un monde qu’elle a connu « il y a soixante ans », un monde en train de s’éteindre, pas nécessairement au profit d’un monde meilleur. Tout cela baigne dans l’idéologie de conservation : le bonheur de la famille, la pureté des mœurs de la campagne, les lumières de la religion…
L’écriture sans recherche coule allègrement. Ceux et celles qui ont déjà lu du terroir apprendront peu de choses, mais je conseille quand même ce livre à qui voudrait accomplir un petit voyage nostalgique dans le passé. Ce livre a le mérite d’éviter toute lourdeur.
Le recueil compte 40 courts chapitres. La table des matières vous donne une idée très juste du contenu:
II y a soixante ans - La vieille maison - La bibliothèque de chez nous - Le vieux livre de messe - La grande horloge - Ma première leçon d'Histoire Sainte - Le vieil Almanach - Une vieille coutume - La maison des quêteux - Petit Son - Au grenier - Vieux meubles - Chansons - A la claire fontaine - II était un petit navire - Portraits sur le zinc - Teintures d'autrefois - Les fileuses - Chapeaux de paille - Le fondeur de cuillers - Grand'mère fait son savon - Poterie ancienne - Nos grand'mères - La boîte aux boutons - Faisons de la chandelle - Les distances - Ah ! les beaux petits poulets! - Le petit ruisseau - Le petit sentier - La croix du coteau - L'acheteur de moutons - On tond les moutons - Allons aux fruitages – Moisson- Les ailes brisées - Les petites vieilles - Les petits commençants - Au coin du feu - Au royaume des fées - La prière d'une mère de famille
Comme extrait, je vous présente la tradition du « pain bénit », tradition déjà lue dans L’Erreur de Pierre Giroir.
ExtraitII existait aussi, avant la fondation des hospices, l'infortuné qu'on nommait, je ne sais trop pourquoi, « un pain bénit ». Je m'imagine que ce nom dérivait de la coutume du pain bénit distribué à l'église et que chacun donnait à son tour.
Ces pauvres impotents étaient transportés, sans leur consentement, d'une maison à l'autre. La plupart du temps aigris, souffrants, mal soignés, ils étaient d'humeur revêche et pas très reconnaissants. On ne les gardait pas longtemps ; quelques jours, puis la maîtresse de maison fatiguée, exténuée, disait à son mari : « Essaye de m'en débarrasser demain ».
Au petit jour, on les installait dans une charrette, sur leur chaise de malade. Rendu à une certaine distance, devant une maison jouissant d'une réputation charitable, l'homme faisait reculer le véhicule vis-à-vis de la galerie et y déposait son contenu. Quand les gens de la maison n'en avaient pas eu connaissance, il frappait à la porte et disait : Je vous amène « un pain bénit », puis il se hâtait de déguerpir pour éviter les reproches. (p. 41-42)
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