Jean Gillet (né en 1915 à Verdun) n’a que 18 ans lorsqu’il publie Paillettes. Le recueil est d’une seule venue. Nelligan a sans doute été une source d’inspiration pour lui, mais n’est pas Nelligan qui veut, hélas. Dans Paillettes, on lit les interrogations d’un jeune qui se cherche, les soubresauts de son humeur, ses espoirs et ses désillusions, sa joie et sa tristesse. Tout est amplifié, dramatique. « De tout ce qui fut mon espoir / Il ne reste lugubre et noir, / Que ce débris triste et funeste. » Même ses amours, un thème récurrent, vacillent au gré de son humeur. Il se sent incompris et la poésie semble l’aider à y voir plus clair.
Inutile d’en rajouter, le poème suivant décrit assez bien le projet du jeune poète :
De chaque événement, dont mon cœur a vibré,
J’ai fait, sans en rien dire, une phrase, une rime,
Et je relis ces mots qu’un souvenir anime,
Lorsque j’ai trop souffert ou que j’ai trop aimé.
J’y chante les oiseaux, les grands arbres, l’été,
Le secret merveilleux de mes rêves intimes,
J’y chante les beaux jours où tous les deux nous rîmes,
Et j’y chante les soirs où tout seul j’ai pleuré.
Ces lignes que mon cœur écrivit sur sa route,
Sont l’admirable cri de l’angoisse et du doute
Que toujours lance l’homme au destin triomphant.
C’est une âme qui pleure en un divin poème,
Le poème éternel du génie impuissant,
Du génie oublié, qui se pleure lui-même.
Aucun commentaire:
Publier un commentaire