Jean Bruchési, Coups d’ailes, Montréal, Bibliothèque de l’Action française, 1922, 162 p. (Illustrations de Jean-Baptiste Lagacé)
Jean Bruchesi (1901-1979) n’avait que 21 ans lorsqu’il a publié ce recueil dédié à ses parents.
Le poème liminaire, « Ballade des petits oiseaux » donne le ton : le recueil se présente sous le signe de la légèreté, d’où la métaphore de l’oiseau.
Dans la première partie, Envolée, sont rassemblés plusieurs petits événements qui appartiennent au passé de l’auteur, le plus souvent joyeux, mais parfois tristes : la mort de la mère, la lettre d’un ami cher, la mort d’un petit oiseau domestique, une retenue en classe, les premiers pas d’un enfant, la première neige, un conflit d’amoureux sans portée.
Dans la seconde partie, « En plein ciel », on a l’impression de faire un saut dans le temps. L’oiseau s’est envolé, le jeune adulte s’affirme : sa philosophie pourrait se résumer en trois mots : chanter, croire, aimer. Tout est prétexte pour célébrer les beautés de la vie bien qu’il soit conscient que la « lutte sera dure » : ses vingt ans, Noël, le printemps, les îles-de-la-Madeleine, la prière du soir sont sources de poèmes.
Dans la dernière partie, Retour, Bruchési est moins personnel. Sa poésie donne davantage dans le courant « vieilles choses, vieilles gens » : la France, l’école de rang, son manuel d’histoire du Canada, le clocher, la croix de chemin, le quêteux, les îles-de-la-Madeleine, Paspébiac, le paysan, le semeur.
Le recueil se termine par une adresse au lecteur : l’auteur réaffirme son parti-pris du bonheur, malgré les douleurs et les déconvenues : « Moi je n’ai fait que rire / Et chanter, voyez-vous. / Dans l’air que je respire / Tous les parfums sont doux. »
CHANTER, CROIRE, AIMER
Je veux chanter au clair soleil de mon bonheur,
D’une voix toute pure ;
Il en est trop dont le chant est empoisonneur.
Moins suave, le mien est certes sans souillure.
Chanter pour réveiller ceux qui sont endormis.
Sans croire à l’espérance ;
Chanter avec amour, chanter pour mes amis :
C’est être apôtre et c’est affirmer ma croyance.
Et je veux croire aussi : l’homme est bien à genoux.
Quoi que l’on puisse dire,
Croire qu’un Dieu, d’En-Haut, pose les yeux sur nous
Et que la Vierge met dans le ciel, son sourire ...
Enfin, je veux aimer tandis que j’ai vingt ans,
Aimer avec franchise ;
Car on dit que le cœur se ferme avec le temps,
Ainsi qu’un grand lys d’or sous une froide brise.
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