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20 décembre 2018

L'ARBRE DE NOËL

Te souviens-tu, mon tout petit,
De cette minuit, blanche fête,
Où dans ta couchette blotti
« Noël »  fit choir une brouette

Si pleine, sous son vernis blanc,
De fruits, de jouets, de dragées ?
Au réveil tu disais: « Maman,
La brouette était trop chargée... »

Le ciel avait comblé tes vœux,
Moi, j’en restais moins taciturne;
Tu remerciais l’Enfant-Dieu
Haut, pendant la messe nocturne

Au retour, c'était ravissant,
Tous deux, dans la carriole allège,
La lune à l'orbe opalescent,
Semblait une balle de neige

Effleurant notre Mont-Royal
En glissant à travers ses arbres.
Ton air épris, sentimental,
Ne venait pas d’un cœur de marbre.

Le vieux Noël, c’était prévu,
T’intriguait avec sa... tournée...
Tu me disais: « Quand l’a-t-on vu?...
« Et, dans quel trou de cheminée ?...

« C’est l’Ordonnance du Très-Haut,
« Qui nous camionne en sourdine,
« Cet arbre de Noël, si beau! »
Murmurait ta lèvre câline.

Chaque Noël il revenait,
Avec cette hotte si chère;
Un soir, tu dis: « Il nous connaît!
« Son cœur, est-ce le tien, ma mère ? »

Mystérieux, cet inconnu,
Oublieux du bonheur qu'il sème;
En lui, mon fils a reconnu,
Cette mère heureuse qui l’aime.

(Marie Dumais (Mme Boissonault), L’huis du passé, 1924, p. 128-130)

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