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30 décembre 2018

1841 -- LA NOUVELLE ANNÉE


Amis, d'un nouvel an nous saluons l'aurore :
L'autre a fini son cours.
Ainsi meurent les ans que le néant dévore,
Ainsi passent les jours!

Ainsi le temps jaloux sur ses pas nous entraîne
Vers le commun écueil
Où finit le bonheur, où finira la peine
De nos longs jours de deuil.

D'un souffle impétueux il flétrit nos jeunesses,
Notre espoir le plus beau,
Mais des cœurs affligés il bannit les tristesses
En ouvrant le tombeau.

Donc, ou joie ou malheur que le destin apporte
Dans l'obscur avenir,
Bénissons notre sort ; mauvais ou bon qu'importe
S'il doit bientôt finir ?

Mais il éclot souvent pour nous sur cette terre
Un jour pur et serein,
Où nous pouvons cueillir des fleurs, comme au parterre
Sur l'aride chemin.

La patrie, aujourd'hui plaintive et désolée
Par d'injustes malheurs,
Heureuse un jour peut-être, ou du moins consolée,
Oublîra ses douleurs.

Du sort des nations Dieu le souverain maître
Sait punir et venger ;
Et sa puissante main qu'on ose méconnaître
Punira l'étranger !

Silence au noir passé ! la fortune inconstante
Doit ramener enfin,
Après les tristes jours d'une inquiète attente,
Un plus heureux destin.

F. M. Derome, Le répertoire national, t. I, 1848, p. 178

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