Un peu comme l’ont fait Les cahiers de la file indienne et Erta les éditions Goglin s’inscrivent dans la tradition du livre d’artiste : papier de qualité, attention au graphisme, reproduction d’œuvres picturales. D’ailleurs, premier recueil des éditions Goglin, La fille unique en est la preuve. Pierre Guillaume en a réalisé l’édition. Le format est inhabituel (17,5 x 25 cm) et les trois gravures sur bois sont tirées en noir sur papier de riz.
Du point de vue thématique, ce
recueil s’inscrit dans la continuité de son recueil précédent Au catalogue des solitudes, publié deux
ans plus tôt. L’essentiel porte sur les relations amoureuses
difficiles.
« Ma main est sortie de
bon matin / Pour saisir un cœur / Mais la marée s’est retirée ». (La fille unique) ; « Mais je suis
partie / Avant que sonne le glas de notre amour déçu ». (L’amour de l’eau)
L’auteure va décortiquer cet
échec amoureux : « Car mon rêve était fait de fleurs oranges /
Porteuses de malheur ». (Prière au
matin) « Et je te dis doucement / Que je crois en toi / Et que notre malaise est né au même
moment ». (À la prison de tes bras)
L’amour rêvé, idéalisé n’a pas
tenu le pari du réel : « Je voyais dans cette union / Une grande
tablée de mains croisées et de dos voûtés qui parlaient de vie ». (Aux trois visages de l’amour);
« Je prends la vie dans ma goélette / Je prends le large / Et c’est la
fête ». (J’ai pris le large)
La suite est affaire de deuil.
Le tout commence par une remise en question culpabilisante : « Après
le feu / Mon œil s’était lavé au paysage / Je n’avais plus d’âge / je vivais
seulement ». (Après le feu) Ce
vide ressenti prend des allures de dépression : « Mes murs ont la
couleur d’une folie / Et je sens que je n’existe pas // La vie m’aperçoit / Et
condamne mon sang » (La nuit
blanche). Cette dépression trouve un temps un exutoire dans la colère :
« La plupart du temps / Je hais les gens »; « Et vous voulez
savoir tout / Je n’ai pas d’amant / Et je m’en fous » (Poème méchant). Au bout du compte,
c’est la noyade : « Je me suis noyée à la sève d’un pissenlit / Je me suis
étouffée au mouvement du vent / Ma rivière a quitté son lit » (Ils m’ont sortie dans la lumière).
Le dernier poème est en quelque sorte un appel. Le voici dans son
intégralité :
Miroir de l’onde
Noie-moi doucement dans ma
petite mer
Noie-moi purement dans ma
pomme d’Adam
Noie-moi dans mes mains à
l’envers
Ne reviens pas bredouille de
cet univers qu’est mon corps
Noie-toi encore et encore
Pour m’épouser vraiment!
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