Éloi de Grandmont, Premiers secrets, Montréal, Éditions de Malte, 1951, 90 pages.
En
plus des poèmes de Premiers secrets,
ce recueil contient le Tombeau de
Saint-Denys Garneau (3 pages) et deux
recueils déjà publiés, soit Le voyage d’Arlequin (Les Cahiers de la file indienne, 1946)
et La jeune fille constellée (Nantes,
Le cheval d’écume, 1948). La poésie de de Grandmont est on ne peut plus simple.
Inutile d’y chercher quelques prouesses
stylistiques, de grands thèmes fédérateurs. C’est une poésie dont
l’harmonie (notion, bien vague, je le concède) est la principale qualité.
Premiers
secrets
On a
l’impression que le poète raconte des souvenirs et exprime des états d’âme, comme
on peut le faire dans un journal intime. Quelques poèmes abordent son enfance
difficile. On le sait, au décès de la mère, cinq des dix enfants, dont Éloi, ont été adoptés par des parents :
« Ô la pauvre maison / Des familles démembrées / Nous étions très jeunes /
Et je me souviens de tout ». (La
maison) Tout laisse croire que la famille était problématique et que l’enfance fut difficile : « Ô
famille torturée / Et vous, chers petits enfants / Innocents et craintifs
! » (Le péché entre dans la famille).
L’autre thème récurrent, c’est l’amour : « C’est l’été sans relâche / Et l’été de l’amour.
/ Le désir se réveille… » (Le cri
étouffé) Ou encore : « Le vent de ma rue emporte / Vers celle que
j’aimais tant / La première feuille morte » (Villanelle pour l’équinoxe de septembre). L'enfance et l'amour engendrent le plus souvent un état de morosité : « Ô mur de solitude, / Qui dort / Dans le secret / Des bras / Chargés de rêves? » (Amoureux).
Tombeau
de Saint-Denis-Garneau
Cette partie contient trois
courts poèmes qui évoquent surtout le destin tragique de Garneau : « Tu
battais les buissons / Sans armes et sans chiens, / Tu battais la forêt, / Tu battais
la montagne / Sans espoir ».
Le
Voyage d’Arlequin
La
jeune fille constellée
Les 12 poèmes disent la forte imprégnation d’un amour de jeunesse et le
souvenir attendri qu’il en reste.
LES
BONNES INTENTIONS
Il y
a un lac où le calme
N’a
pas une seule distraction ;
Il y
a ce fruit jeune et grave
Qui
éclaterait sous la dent.
Encore
vive au sortir de l’eau,
Elle
marche sans bruit sur la plage.
Elle
a une chevelure de fumée
Qui
se détache de son corps
Pour
s’enlacer aux oiseaux.
On
voudrait que des fleurs s’accrochent
À
ses pieds, on voudrait que des roses,
Épaisses
de parfum, escaladent ses jambes
Et
s’écrasent contre ce corps
Couleur
de l’aube.
Éloi de Grandmont - Photo : Le Devoir |
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