William Chapman a écrit cinq recueils de poésie. Les
Aspirations, publié en France, a été couronné par l’Académie française
(prix Archon-Despérouses) en 1904. Il reprend dans ce recueil une vingtaine de
poèmes parus dans ses livres précédents.
Le recueil débute par le poème « Deux mères »,
celles-ci étant sa mère qui vient de mourir et la mère patrie, c’est-à-dire la
France. « Tes fils t’aiment toujours, ô ma mère! Ô ma mère! »
Chapman nous sert aussi un long poème sur l’Histoire des
États-Unis « La statue de la liberté éclairant le monde ».
Pour le reste, on trouve la recette traditionnelle de
l’époque :
des poèmes du terroir dont le célèbre « Le
laboureur », lequel figure dans plusieurs anthologies : « Il songe
que ses pas sont comptés par un ange, / Et que le laboureur collabore avec
Dieu. »
des poèmes à saveur patriotique sans le culte du
héros : « Notre langue naquit aux lèvres des Gaulois. / Ses mots sont
caressants, ses règles sont sévères, / Et, faite pour chanter les gloires
d'autrefois, / Elle a puisé son souffle aux refrains des trouvères. » Pour
célébrer la Saint-Jean : « C'est le vingt-quatre juin ! c'est l'aube
incomparable... / C'est la fête du peuple et de la Liberté. »
des poèmes sur la nature à saveur romantique :
« Ainsi que la saison des fleurs et des amours / Se sont évanouis mes
rêves de jeunesse ».
des poèmes à saveur philosophico-religieux :
« La mort n’existe pas! La mort n’existe pas! / Tout sur la terre évolue
et se métamorphose ». Le poème se termine ainsi : « Nous
gravirons, un jour, la montagne éternelle, / Après avoir brisé l’enveloppe
charnelle ».
des poèmes de circonstances, par exemple ce poème
dédié à Léon XIII, récemment décédé : « Il est entré dans l’éternel
silence, / Nul ne le verra plus enseigner et bénir ». Un poème adressé à
une jeune fille : « Comme l’oiseau frileux qui s’enfuit à l’automne,
/ Vous nous avez quittés quand octobre est venu ».
de rares poèmes personnels, comme celui dédié à son
père : « Et lorsque ton cercueil disparut sous la terre, / Dans le
gouffre implacable où nul rayon n'a lui, / Je crus que tout mon être au fond du
cimetière / S'ensevelissait avec lui. »
un poème sur les Autochtones avec tous les préjugés
habituels : « Le dernier Montagnais va disparaître un jour, / Sans
laisser plus de trace, hélas! de son passage / Que la feuille, emportée au
souffle de l'orage, / N’en laisse sur les flots au reflet si changeant / De
l'Ouiatchouan qui tonne au bord du lac Saint-Jean. »
Le style de Chapman a été souvent critiqué :
impropriétés de termes, style gonflé, défaut syntaxique, usage trop fréquent de
la répétition. Toutefois, les commentateurs finissent tous par admettre qu’il a
aussi laissé de beaux vers.
« Chapman a mis dans ses vers moins de sincérité et
plus de grandiloquence que tous ses émules. Il est le poète rhéteur par
excellence, qui ne recule pas devant le développement oratoire, celui-ci fût-il
déjà usé. Mais il arrive à Chapman ce qui arrive à tous ceux qui battent de
l’aile: c’est que parfois il s’envole, et monte, et plane et emporte avec lui
l’admiration du lecteur. Il a écrit de très beaux vers, d’une belle envergure.
Il lui manque d’avoir une inspiration plus constante, une pensée plus drue, des
strophes moins languissantes et moins verbeuses. Il noie trop souvent son idée
dans l’amplification. » (Camille Roy, Manuel d’histoire de la
littérature canadienne de langue française, Beauchemin, 1939, p. 65)
« L’on a souvent comparé Fréchette à Chapman, vu la grande rivalité qui, un jour, exista entre eux. Les deux partagent certains défauts, en particulier, l’hyperbole, le cliché, la tendance à la déclamation; et des qualités comme l’ampleur majestueuse du verbe, la richesse du coloris et la vérité du réalisme. Mais Fréchette possède un génie plus varié et plus souple ; une sensibilité plus délicate et plus frémissante, qui s’exprime en des accents plus intimes et plus émus. Il est plus poète que Chapman. » (Albert Dandurand, La poésie canadienne-française, Albert Lévesque, 1933, p. 92)
William Chapman sur
Laurentiana
Les
Québéquoises (1876)
Les
feuilles d’érables (1890)
Les aspirations (1904)
Les
fleurs de givre (1912)
Le lauréat (à venir)
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