William Chapman, Les feuilles d'érable, Montréal, Typographie Gebhardt-Berthiaume, 1890, 241 p.
Les feuilles d'érable est le deuxième recueil de Chapman. Il avait publié Les Québécquoises en 1876.
Ce qui frappe à première
vue, c’est le flot de dédicaces qui coiffent les poèmes et qui parfois servent
de titre. À titre d’exemples, sont nommés Auguste-Réal Angers, P. J. O.
Chauveau, Leconte de Lisle, François Coppée, Sulte, Fréchette, Casgrain,
etc. Le recueil n’a pas de structure. On y lit autant
de poèmes longs que de sonnets.
Le
premier et le dernier poème ont comme sujet la France, elle qui « défend
toutes les causes justes » et qui éclaire le « ciel des
nations ».
Pour
le reste, Chapman exploite à peu près tous les sujets en usage à son époque. On
lit quelques poèmes patriotiques, la plupart faisant référence à la capacité de
résilience des Canadiens français après la Conquête. Un long poème narratif,
intitulé la « Bataille de Sorel »,
relate la victoire étonnante des Sorelois contre la flotte anglaise qui se
rendait à Montréal pour concrétiser son triomphe en 1760.
La
nature, celle des Romantiques, est le thème le plus traité. Chapman encense les
beautés de la nature canadienne, en dresse de petits tableaux, nature qui
instruit les hommes, qui les inspire (L’érable, Renouveau) et qui, parfois, se donne des airs épiques quand elle
déploie toute sa splendeur comme dans L’aurore
boréale.
Deux
longs poèmes ont pour sujet les peuples autochtones (Le Huron, Les derniers
Montagnais). Chapman épouse leur point vue, essaie de comprendre leur mode
de vie et le deuil de la perte de leur culture. Dans « Le Huron », un
père qui s’était éloigné de son peuple, pour fuir l’influence des Blancs, tue sa
fille et son amant blanc.
La naufragée aborde un thème qui sera cher au
« roman du terroir », celui de la ville corruptrice : une
paysanne qui s’ennuie dans sa morne campagne, quitte sa famille et fuit en
ville. Elle sera trompée, deviendra prostituée et mourra dans la plus abjecte
misère.
Chapman
traite aussi de sujets ethnologiques dans La sucrerie, Le Carnaval
(de Montréal), Cadieux.
Beaucoup de poèmes rendent hommage à des personnes qu’il
admire, souvent des artistes : Hugo, le curé Labelle, Oscar Martel, Eugénie
Tessier, Gustave Drolet, Francis Parkman, etc.
Quelques poèmes semblent avoir été écrits au Lac St-Jean.
Chapman est à son mieux quand il raconte. On se demande
même pourquoi il n’a pas écrit des contes.
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