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10 novembre 2023

Adorable femme des neiges

Roland Giguère, Adorable femme des neiges, Châteaunoir Aix-en-Provence, Erta, 1959, 18 feuillets dans un portefeuille. (6 sérigraphies en couleur de l’auteur)

Livre de grande dimension (56 x 33 cm). Tiré à 20 exemplaires. Écriture calligraphique.

Adorable femme des neiges ne contient que le poème éponyme, un chant d’amour livré en 12 parties. Ce texte, qui est sans doute l’un des plus beaux poèmes d’amour offert à une femme, marque bien l’évolution poétique de Giguère.

Dans ses trois recueils antérieurs les plus consistants (Yeux fixes - 1951, Les armes blanches - 1954 et Le défaut des ruines est d’avoir des habitants - 1957), Giguère nous présentait un monde difficilement habitable.

Le malaise qu’on discernait dans les recueils précédents n’est pas complètement oblitéré, mais il est tenu en sous-texte si on peut dire. Giguère vivait en France à cette époque et ce recul pour ne pas dire cet isolement semble salutaire : « Nous sommes loin d’ici / sur les chemins de neige / nous sommes loin / de la veille sans lendemain / nous sommes seuls / et le silence prépare un feu parfait / à l’ombre même de nos désirs ». Avec la présence de la femme à ses côtés, nul besoin d’« inventer une histoire ». Elle est celle qui permet de s’ancrer dans l’espace et le temps : « il y a des jours où tout est vain / sauf ton image / sauf la blancheur de ton corps / sur ces terres amères »; elle est celle qui délie le douloureux passé : « à la lisière de la flamme / se consument les lourds fagots d’hier // la main haute sur les orages / le ciel sur tes épaules se repose »; elle est celle qui partage son amour : « La pointe du jour c’est ton sein gauche / appuyé sur le soir ».  Alors que le futur apparaissait fermé, livré au feu et à la destruction, voilà que la femme s’avance en toute liberté et « dérout[e] les plus sombres avenirs », contournant les « fléaux », sans renoncer à l’aventure. Le poète, libéré, accepte de la suivre :

Je te laisse mes rênes à leur destin
je te tiens pour toute lumière
et mes mains te serrent
pour garder l’empreinte de ta présence

je froisse ta chair pour en tirer les éclats
je m’aveugle à ta foudre
je m’abîme en toi

Pour lire le poème : Écrits du Canada français ou L’âge de la parole, p. 151-162

Roland Giguère sur Laurentiana

Éditions Erta
Faire naître
Les nuits abat-jour
Yeux fixes
Midi perdu
Images apprivoisées
Les armes blanches
Le défaut des ruines est d’avoir des habitants
Adorable femme des neiges
Voix de 8 poètes du Canada



Deux autres dont j'ai oublié la référence :



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