Roland Giguère, L'âge de la parole, Montréal, Éditions de l'Hexagone, 1965, 170 p. (Collection Rétrospectives).
Publié dans la prestigieuse collection « Rétrospectives » de L’Hexagone, L’âge de la parole est un peu plus qu’une rétrospective. Dans la première partie, qui donne son titre au recueil, Giguère (1929-2003) présente 49 poèmes inédits. À ceux-ci s’ajoutent six recueils déjà parus chez Erta : Les nuits abat-jour (1950 - reprise partielle), Midi perdu (1951), Yeux fixes (1951), Les armes blanches (1954), Le défaut des ruines est d’avoir des habitants (1957 - reprise partielle) et Adorable femme des neiges (1959).
L’âge de la parole a eu un tel impact qu’on en est arrivé à lui emprunter son titre pour désigner la période qui va du début des années 50 à celui des années 60. Avec Giguère et sa maison d’édition ERTA (et l’Hexagone), on arrête de répéter les discours tout faits, soufflés par les idéologies dominantes, on s’inspire de ce qui se fait ailleurs et on laisse la parole se déployer librement sur la place publique. Pour qu’un meilleur futur puisse advenir, il faut commencer par le dire.
Giguère fait en quelque sorte le pont entre la Grande Noirceur et la Révolution tranquille. Il ne se contente pas de décrire son mal être, il condamne le monde dans lequel il vit. Il refuse de s’enliser dans le malheur, d’être broyé par « la grande main du bourreau » sans réagir. Il a la certitude qu’une lumière subsiste quelque part à l’horizon, quitte à l’inventer pour qu’elle advienne : « L’âge de la parole – comme on dit l’âge du bronze – se situe, pour moi, dans ces années 1949-1960, au cours desquelles j’écrivais pour nommer, appeler, exorciser, ouvrir, mais appeler surtout. J’appelais. Et à force d’appeler, ce que l’on appelle finit par arriver. C’était l’époque, pas si lointaine, où nous croyions avoir tout à dire puisque tout était à faire et à refaire. » (Dans la préface de l’édition de 1991)
Je ne reviendrai pas sur les recueils déjà présentés. Je vais me contenter de commenter brièvement les 49 poèmes inédits. Ceux-ci sont datés et présentés chronologiquement.
Giguère en chansons |
Par ailleurs, on sent ici et là l’influence surréaliste, un surréalisme qui n’a rien à voir avec celui des années 20 : les associations verbales (Un monde mou), les allitérations (« le sang fuit / le fruit faible »), certaines désarticulations du réel (Rose ovaire) en témoignent. Mais comme le poète l’a dit, le surréalisme chez lui est davantage une philosophie qu’un procédé de création.
Ce recueil s’est mérité le prix France-Québec et le Grand Prix littéraire de la Ville de Montréal.
Son dernier recueil |
Roland Giguère sur Laurentiana
Éditions Erta
Faire naître
Les nuits abat-jour
Yeux fixes
Midi perdu
Images apprivoisées
Les armes blanches
Le défaut des ruines est d’avoir des habitants
Adorable femme des neiges
L’âge de la parole
La main au feu (à venir)
Forêt vierge folle (à venir)
Voix de 8 poètes du Canada
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