Exemplaire de la BAnQ |
Chez
Giguère, l’être humain a bien de la difficulté à saisir la réel dans lequel il
baigne. Il y a partout des murs, des murs qu’il grignote, qu’il franchit
parfois pour mieux y revenir : « nous en avons si souvent comme des rats /
grignoté les pierres que notre fièvre / à présent y dessine deux ouvertures ».
Une porte pour sortir, une autre pour revenir. Ces êtres se bercent d’illusions
entourés de dangers qu’ils ne voient pas : « la foule aveugle
tournait autour du soleil / comme une mante religieuse / amante
heureuse ». Cris, douleurs, torture, cassures, blessures, le monde est un
immense champ de bataille : « on torture / on torture la santé les
yeux fermés ». Même l’amour semble dérisoire : « un - je
t’étreins / deux - tu t’affoles / trois - je m’étoile / quatre - tu
t'étioles ». L’être est prisonnier de cet univers de tristesse :
« noires années de lumière rayée / filtrée tamisée à petite dose / par
ci mo nieu se ment / et le silence à bâtons blancs bâtons rompus / le silence ronge les barreaux de la
tristesse ». La situation semble sans espoir : « Demain prépare
aujourd’hui sa propre défaite ».
Y
a-t-il quelque chose dans les photos qui appelait un tel parcours thématique?
Sûrement pas. Au contraire, on dirait des photos sans affect, presque
scientifiques. Mais contrairement à Ponge, Giguère les revêt de sa vision du
monde, un monde noir, en perdition, qui trouve parfois comme échappatoire, un
« tout petit rêve d’oiseau migrateur ».
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