13 janvier 2023

Le dernier souper

Albert Laberge, Le dernier souper, Montréal, s.e., 1953, 163 pages.

Ce recueil est le dernier de Laberge (1871-1960). Il était âgé de plus de 80 ans au moment de sa publication. On ne peut pas dire qu’il soit devenu plus optimiste dans son grand âge. Toutes les nouvelles se terminent mal, souvent de façon cruelle. Les hommes sont faibles, brutaux ou retors et les femmes sont vénales, frivoles ou naïves. La bonté, l’empathie, la solidarité sont des vertus que la plupart ignorent; de toute façon, les gestes de bonté ne donnent rien.  À force de toujours raconter des histoires aussi négatives, Laberge y perd en crédibilité. On le lit en se demandant : quelle fin atroce va-t-il encore inventer… et on finit par en rire.

Le dernier souper
« Siméon Rabeau était né de parents pauvres. » Il quitte rapidement sa famille, exerce de petits boulots qui ne lui permettent pas de manger tout son saoul, aboutit à Montréal, commet de petits larcins, se retrouve en prison, en ressort et finit par tuer une vieille acariâtre qui ne voulait pas lui payer son dû. « Dans toute sa vie, avait-il éprouvé une heure de joie, de contentement ? Non, jamais, et probablement qu’il en serait toujours ainsi. Il ne saurait jamais ce que c’est que le bonheur. » Il sera pendu. Comme dernier souper, le condamné peut voir tous ses désirs satisfaits. La demande de Rabeau sera assez particulière.

Le grand Sans-Cœur
« Le fermier Évariste Lefroi était soucieux par moments. » En fait, plus que soucieux, il était colérique, violent. Un jour, il achète un nouveau cheval qu’il baptise « Sans-Cœur ». « Sans-Coeur avait été élevé et nourri avec de la paille. Jamais ni foin ni avoine. La nature l’avait bâti pour être fort, lui avait donné une solide charpente, avait voulu en faire une bête vigoureuse, mais son maître, avare, mesquin et rapace, ne l’avait nourri qu’avec de la paille. Alors, ses forces n’avaient pu se développer et maintenant, on lui demandait d’accomplir des tâches au-dessus de ses moyens. » À force d’être battu, le cheval y laisse sa peau.

La tentation mauvaise
M. Léopold Ledoux, notaire, avait une femme qui, après avoir donné naissance à leur fille Ernestine, tombe malade. Après 17 ans de souffrance, elle meurt. Ernestine a toujours fait le bonheur du notaire, mais un jour, elle se marie et va vivre en ville. Le notaire, seul et malheureux, engage une veuve comme ménagère. Celle-ci, le sentant vulnérable, fait en sorte qu’il l’épouse en l’aguichant, ce que le notaire regrette rapidement. « Ah, les vieux, les pauvres vieux dont le cerveau enfiévré est constamment hanté, obsédé par l’image d’un sexe, image morbide produite non par l’instinct de la bête humaine, mais fruit d’une imagination malade, quelle tristesse ! » Sa fille, scandalisée, cesse de le visiter. Quand il apprend que cette dernière est décédée, après avoir donné naissance à un enfant, il se suicide.

Le secret d’une nuit
Aline quitte Toronto où elle vit pour voir sa sœur mourante. L’agonie se prolonge et elle se retrouve désargentée. Elle rencontre une ancienne connaissance qui lui offre de l’argent gagnée… en se prostituant.

Le violon chante et pleure
Aline, une célibataire âgée, a un frère qui joue le peu qu’il gagne aux courses. Et Aline, même en sachant que tout l’argent qu’elle lui donnera finira dans des paris, continue de l’aider.

Voyage dans la nuit
Lors d’un voyage en traîneau, dans une nuit noire et profonde, Aline Lierre se met à voir des fantômes partout.

Le pommier de la vieille Gareau
Un pommier, qui est à la limite d’une terre, est cause de discorde, parce que les jeunes voisins y cueillent les pommes sans permission. Le fermier, pour régler le problème, le coupe.

Contrat de mariage
« Trefflé Dupras , jeune habitant de Sainte-Scholastique, fréquente Délima Trudeau depuis huit mois. » Sa demande en mariage est acceptée. Devant le notaire, Trefflé et le père de Délima s’entendent sur toutes les clauses sauf une. Voyant cela, Trefflé renonce au mariage.
 
Le vieil orme
« Le vieil orme était grand, puissant, noble, majestueux. Il imposait le respect et l’admiration. Bien certain qu’il devait avoir plus de deux cents ans. Bâti solide comme il l’était, il semblait bon pour au moins cent autres années. » Un jour, on construit une centrale hydroélectrique dans le coin…

Deux rencontres
M. Damien Landry, 59 ans, rencontre Clara Pierson dans un train. Il est si charmé par le discours que tient cette femme, veuve sans attrait de Syracuse, qu’il lui demande la permission de correspondre avec elle. Comme Mme Pierson vient chaque année passer ses vacances dans la campagne québécoise, ils se revoient. Quand son épouse décède, 13 ans plus tard, il décide de se rendre chez Mme Pierson et de la demander en mariage. La rencontre d’une autre femme va changer sa décision.

Le billet de loterie
« Gédéon Muras était employé depuis trente-sept ans à la fonderie de poêles située aux confins du village de Lafaye. Il était maintenant âgé de cinquante-six ans. C’était un homme sobre, fruste, économe, régi par des habitudes régulières. Toujours, il avait vécu très simplement. » Un jour, enfirouapé par un vendeur, Muras achète un billet de loterie qui lui rapporte 40,000$. Ses trois fils voudraient bien en obtenir une part, mais le vieux résiste. Quand sa femme décède, son plus jeune fils lui propose de s’installer chez lui avec sa future épouse, une serveuse de restaurant, plutôt libertine. Le mariage n’aura pas lieu puisque le fils décède dans un accident. La « future épouse » lorgne la bonne affaire et séduit Muras, comptant se faire épouser. Un des fils ne l’entend pas ainsi et allume un incendie qui sera fatal au père et à la serveuse.

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