Albert Laberge, Images de la
vie, Montréal, Chez l’auteur, 1952, 117 pages.
Ce recueil est quand même un peu particulier : excepté
deux ou trois textes, on ne peut pas dire que ce sont des nouvelles. La
raison en est bien simple : la plupart des 37 textes ne sont pas
développés. À la limite on pourrait même dire que certains ont dû être des « notes
d’inspiration », des débuts qui sont restés en plan. Certains tiennent sur
une page. Albert Laberge était journaliste,
donc tous les jours il côtoyait les faits divers qui parviennent aux salles de
presse. D’ailleurs, il le mentionne au moins une fois dans le livre. On a donc
l’impression qu’il « ramassait » ces faits divers en vue d’en faire
éventuellement une nouvelle. On pourrait dire de certains textes qu’ils sont
des saynètes, des instantanées, d’autres de petites histoires journalistiques.
Pour ce qui est du contenu, il ne faut pas s’attendre à de
grandes surprises. Laberge aime raconter les petits drames de la vie, les coups
du sort, les revers de fortune, les agissements stupides, la débandade des trop-sûrs-d’eux.
Par ailleurs, il se plaît aussi à raconter l’histoire de tous ces mal-nés, sans-talents
ou détraqués, nés pour le malheur. Quand les personnages croient toucher au
bonheur, un malheur s’abat sur eux, tel ce père qui vient de donner sa terre à
son fils et le tue par accident.
Il est rare qu’il dénonce les exploiteurs, les abuseurs, les profiteurs.
Le plus souvent, il raconte plutôt froidement ces malheurs, si bien qu’on se
demande s’il éprouve quelque sympathie pour toutes ces « victimes de la
vie ». Pour Laberge, on dirait qu’il n’y a rien à faire, que personne
n’est à plaindre, que tout ce beau monde est plongé dans un déterminisme implacable,
tragique.
Le recueil compte deux parties. Voici un aperçu des textes de
la première.
Au village - Un rentier, qui mène une retraite dorée, est
frappée par un double malheur.
Histoire pour faire pleurer - Deux ouvriers vivent des
vacances tragiques.
Masque tragique - Une jeune femme, croyant avoir trouvé le
bonheur dans le mariage, est tuée dans un accident.
Libation au cimetière – Un jeune homme mène une vie de
débauche après que son père ait rejeté son amoureuse, une fille-mère avec deux
enfants.
Le manteau vert – Une orgueilleuse donne le même manteau quatre
fois.
Déclaration d’amour – Un vieil homme, avant de quitter la
paroisse, déclare sa flamme à une veuve.
L’enfant prodigue – Un mauvais fils n’en finit plus
d’emprunter de l’argent à son vieux père.
Les croix de bois – Un homme sur le point de mourir confond
les tuteurs de framboisiers et les croix de cimetière.
Vision démoniaque – Les derniers moments d’un syphilitique de
naissance.
Pastorale – Un vieil homme meurt en allant chercher les
vaches.
Le curé en visite – Un curé se rend chez une vieille
demoiselle encore bien portante; devant elle, il choisit qui devra recevoir tels
meubles ou tels objets lors de son décès.
Maladives imaginations – Dans un hôpital de femmes en fin de
vie, certaines prétendent qu’un homme déguisé en infirmière les viole. Or cela
s’avère un cas d’hysterie collective.
Victime du sort – Une orpheline, qui a bossé toute sa vie, trouve
un trésor dans un coffre légué par son père.
Le menuisier se marie – Un menuisier se marie sans croire au
mariage. Misogynie.
Aux courses – Une femme joue tout aux courses.
Bucolique – Un jeune couple habite dans un poulailler, à
défaut de mieux.
Pommes frites – Un ivrogne tente de manger ses frites sans y
parvenir.
Dîner du jour de l’an – Deux nièces se rendent chez leur
grand-parents, mais refusent de manger par dédain.
Au couvent – Une jeune étourdie est punie pour avoir proféré un
blasphème par étourderie.
Le vieux – Un vieux solitaire cherche quelqu’un pour causer.
Départ en musique – Une femme de peine dépense une fortune
pour enterrer son petit-fils de 5 mois.
Le philanthrope – Un homme découvre qu’un ami dans le besoin,
à qui il a donné de l’argent, s’est acheté un chien.
Le vieux pin – Un vieux pin discute avec un voyageur.
Dans la nuit bleue – Le jeune homme s’étant pendu, son
amoureuse se donne la mort.
La grève – Des membres de la même famille se chicanent à
propos d’une grève.
Le pendu – Le curé refuse d’enterrer un suicidé. Sa femme et
ses enfants subissent la réprobation du village.
Coup de vent – Un homme, qui s’est donné à son fils, le tue
par accident.
Bonheur inattendu – Une tante bigote et une nièce accueillent
un jeune prêtre au repos.
Albert Laberge sur Laurentiana
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