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8 mai 2021

Les cailloux

Jean Nolin, Les cailloux, Montréal, Le Devoir, 1919, 131 pages. (Illustrations d’Henri Letondal; Paul Fort en exergue)

Le poème liminaire est intitulé « Le petit poucet » et comme on pouvait s’y attendre, les chapitres portent des noms en référence au conte : Les cailloux blancs, Les cailloux roses, Les cailloux d’or et Les cailloux gris.

Les cailloux blancs sont ceux de l’enfance. La plupart des poèmes font référence à l’école, à ce qu’elle peut avoir de fastidieux pour un jeune rêveur : « Lorsque, le premier jour de classe, / Devant l’entrée où l’on se place, / Groupés en ronds, / Attendant que le loquet bouge, / À la petite porte rouge, / Nous demeurons, // Nul ne ressent d’impatience; / Nous souffrons, pleins d’insouciance, / Le lent portier, / Car dans nos pensers (sic) s’aventure /Un petit morceau de nature, / Un vert sentier... » (La rentrée)

Les cailloux roses évoquent l’amour. Jean Nolin avait vingt ans quand il publie Les cailloux. Alors ses amours sont celles d’un adolescent : une jeune fille aperçue, une amie d’enfance, une autre avec laquelle il a passé un été : « Restons ainsi. Tais-toi. Ne romps pas le silence / De cette douce nuit de juillet où s’élance / Le concert lumineux des grenouilles du parc. » (L’aveu)

Difficile de saisir le thème qui relient Les cailloux d’or. L’auteur décrit aussi bien des scènes bucoliques qu’un rêve (avec des lutins). Peut-être est-ce un certain état d’innocence, voire une certaine tristesse : « C’est un jour doux, chaste et vainqueur. / La brise chante au seuil des portes. / Les ennuis gisent dans mon cœur / Comme un amas de feuilles mortes. » (Matin d’octobre)

Les cailloux gris nous transportent en ville. Si animée soit-elle la ville est triste. La guerre a laissé des traces. : « Quand je sens trop peser la Ville sur mon être, / Je baigne mes regards brûlés de citadin / — Moi, l’éternel rêveur de merveilleux jardins / Dans le morceau de ciel taillé par ma fenêtre. » (Les fugitifs)

En épilogue, le poète discute avec son Adolescence (personnifiée) : cette dernière le rassure sur son avenir.

Les cailloux est le recueil d’un adolescent sensible, encore naïf, qui écrit avec une certaine finesse.

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