Jean Nolin, Les cailloux, Montréal, Le Devoir, 1919, 131 pages. (Illustrations d’Henri Letondal; Paul Fort en exergue)
Le poème liminaire est intitulé « Le petit
poucet » et comme on pouvait s’y attendre, les chapitres portent des noms
en référence au conte : Les cailloux blancs, Les cailloux roses,
Les cailloux d’or et Les cailloux gris.
Les cailloux blancs sont ceux de l’enfance. La
plupart des poèmes font référence à l’école, à ce qu’elle peut avoir de
fastidieux pour un jeune rêveur : « Lorsque, le premier jour de classe, / Devant l’entrée où l’on se place, / Groupés
en ronds, / Attendant que le loquet bouge, / À la petite porte rouge, / Nous
demeurons, // Nul ne ressent d’impatience; / Nous souffrons, pleins
d’insouciance, / Le lent portier, / Car dans nos pensers (sic) s’aventure /Un
petit morceau de nature, / Un vert sentier... » (La rentrée)
Les cailloux
roses évoquent l’amour.
Jean Nolin avait vingt ans quand il publie Les cailloux. Alors ses
amours sont celles d’un adolescent : une jeune fille aperçue, une amie
d’enfance, une autre avec laquelle il a passé un été : « Restons
ainsi. Tais-toi. Ne romps pas le silence / De cette douce nuit de juillet où
s’élance / Le concert lumineux des grenouilles du parc. » (L’aveu)
Difficile de
saisir le thème qui relient Les cailloux d’or. L’auteur décrit aussi
bien des scènes bucoliques qu’un rêve (avec des lutins). Peut-être est-ce un
certain état d’innocence, voire une certaine tristesse : « C’est un
jour doux, chaste et vainqueur. / La brise chante au seuil des portes. / Les
ennuis gisent dans mon cœur / Comme un amas de feuilles mortes. » (Matin
d’octobre)
Les cailloux
gris nous transportent en
ville. Si animée soit-elle la ville est triste. La guerre a laissé des traces. : « Quand
je sens trop peser la Ville sur mon être, / Je baigne mes regards brûlés de
citadin / — Moi, l’éternel rêveur de merveilleux jardins / Dans le morceau de
ciel taillé par ma fenêtre. » (Les fugitifs)
En épilogue, le
poète discute avec son Adolescence (personnifiée) : cette dernière le
rassure sur son avenir.
Les cailloux est le recueil d’un adolescent sensible,
encore naïf, qui écrit avec une certaine finesse.
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