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S’inspirant de certains éditeurs
français (Flammarion, Fayard, Calmann-Levy), qui connaissent beaucoup de succès
en publiant des romans de gare, Édouard Garand crée au Québec la première maison
d’édition vouée presque entièrement à la littérature populaire. Ne se
contentant pas de choisir des manuscrits et d’imprimer des livres, il va en assurer la
diffusion, notamment au moyen d’abonnement, mais aussi en librairie, en kiosque et en
s’assurant que ses livres fassent partie des récompenses de fin d’année
dans les écoles. Garand va développer trois collections littéraires : « Le
roman canadien», « Le théâtre canadien » et « Le récit canadien », cette
dernière étant beaucoup plus modeste. Il va publier d’autres livres, entre
autres la deuxième édition d’Émile
Nelligan et son œuvre, en 1925. Il va également œuvrer dans les domaines musicaux et cinématographiques. L’éditeur ferme ses portes en 1948.
La collection « Le roman canadien »
La collection « Le roman canadien
» demeure la plus grande réussite de Garand. L’iris bleu de Jules Larivière sera le premier titre de la
collection qui en comptera 78. Les
romans, vendus 25¢, sont imprimés sur deux colonnes, sur du papier de piètre
qualité, dans des fascicules aux couvertures aguichantes, presque toutes
signées Albert Fournier. À partir de 1925, on trouve à la fin des fascicules le
supplément « La vie canadienne », contenant critiques littéraires,
poèmes, contes, extraits de romans à venir, etc., et publicités. Garand paie
ses auteurs 50$ par manuscrit.
L’éditeur-homme d’affaires va jusqu’à publier 12 nouveaux fascicules en 1926. Le
tirage, plus modeste au début, va grimper jusqu’à 13000 exemplaires. L’éditeur
cesse sa production en 1931 : il essaiera vainement de la relancer dans
les années 40 en ajoutant quatre fascicules à la collection.
Exemple de publicité |
Garand affiche ses couleurs
patriotiques en utilisant comme logo une image des patriotes dont la légende
« Pour la race » est empruntée à l’abbé Groulx. Pour promouvoir ses
romans, il n’hésite pas à faire vibrer la corde nationaliste de ses lecteurs et
lectrices : n’est-on pas dans l’obligation morale d’encourager la
littérature nationale ? Autre argument commercial qui milite en faveur de ses
livres : un comité de lecture, comprenant au moins un curé, s’assure du
caractère moral de l’entreprise, sans compter que quelques romans sont écrits
par des religieux.
Les auteurs, dont certains vont
devenir les vedettes de la maison Garand (Jean Féron, Ubald Paquin, Adèle Bourgeois), publient souvent leurs premières œuvres dans cette collection. Les sujets
ne sont pas aussi simplistes qu’on pourrait le penser. Il y a les traditionnels romans sentimentaux et d’aventures mais
il y a aussi des romans historiques assez exigeants tout compte fait, ne
serait-ce en raison des développements historiques qui passent par la
description plutôt que par le récit. On peut aussi lire un roman sur le
développement économique comme Gaston
Chambrun, un roman presque
scientifique comme Le grand sépulcre
blanc, un roman utopique comme L’impératrice
de l’Ungava, un roman policier comme Le trésor de Bigot.
Pour en savoir plus
Stéphanie Danaux, L’iconographie
d’une littérature
Jacques Michon, L’édition
littéraire au Québec
Marie-Claude Gagnon, « Les
éditions Édouard Garand et la culture populaire »Voir la liste des 78 titres sur Wikisource.
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