Louis Fréchette, Le Retour de l'Exilé, Montréal, Lemeac, 1974, 109 pages. (Collection « Théâtre canadien ») (Avant-propos d’Alain Pontaut) (1re édition : Montréal, Chapleau & Lavigne, 1880, 72 p.)
Le Retour de l'Exilé, drame en cinq actes et huit tableaux, a été représenté à Montréal pour la première fois le 1er juin 1880. C’est une adaptation du roman La Bastide Rouge (1853) d’Élie Berthet, un écrivain oublié aujourd’hui. Le problème, c’est que Fréchette a omis de le mentionner au départ. Il sera accusé de plagiat.
L’histoire se déroule à Sillery, au début des années 1860. Après 22 ans d’exil, Auguste DesRivières rentre au pays pour reprendre possession des biens qu’il avait confiés à son serviteur Jolin avant son départ. Or, ce dernier n’a pas l’intention de les restituer à son ancien maître, d’autant plus qu’il compte se marier prochainement avec une jeune fille, Blanche Saint-Vallier, qui se refuse à cette union malgré les pressions de sa mère. Blanche est amoureuse d’un notaire sans le sou du nom d’Adrien Launière. Auguste et Adrien, pour des motifs différents, se retrouvent donc à Sillery dans une auberge. Ils sympathisent. Tous les deux se rendent chez Jolin. Dans un premier temps, ce dernier se voit obligé de remettre à son ancien maître ses biens. Par le fait même, Blanche et Adrien peuvent jouir de leur amour. Jolin exige la contre-lettre qu’il avait signée, qui annulait l'achat du domaine et comme Auguste ne l’a pas, il est évincé du domaine. Il en va de même pour Adrien.
Les deux se retrouvent à l’auberge et coup de théâtre! Adrien découvre qu’il est le fils d’Auguste et, plus encore, que c’est lui qui a la fameuse lettre signée par Jolin. Vous le devinez, l’explication est un peu complexe. On comprend que la mère d’Adrien et Auguste étaient amants. Au décès de celle-ci, le notaire a donné la contre-lettre à Adrien, qu’il ne l’a jamais ouverte, sa mère le lui ayant demandé : « ADRIEN — Une seule fois ; au moment de sa mort. Elle me fit appeler dans sa chambre, m'embrassa et pleura. Puis tirant de dessous son oreiller un paquet cacheté qu'elle me remit, elle me dit d'une voix éteinte: Mon fils, quand je ne serai plus, tu trouveras dans ces papiers des secrets qui te concernent. Cependant si tu as quelque affection pour ta malheureuse mère, tu ne chercheras pas à connaître ses fautes et ses remords... Par respect pour elle, je n'ai jamais ouvert ce paquet. »
L’usurpateur est ainsi confondu. On découvre même qu’il était la tête dirigeante de la « gang de Carouge » et on vient l’arrêter.
Cette comédie rappelle celles de Molière : les fils qui se découvrent des pères, les vieux qui veulent épouser des jeunes femmes contre leur gré... Se lit très bien.
Louis Fréchette sur Laurentiana
Mémoires intimes
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