LA CRÈCHE DE NOËL
I
L’âpre saison déroule sur la terre
Son lourd manteau de neige et de frimas ;
Le vent du soir soupire avec mystère
Dans la ramure où brille le verglas.
Il est minuit. Le carillon du temple
Jette aux échos un hymne triomphant,
Et le chrétien, à deux genoux, contemple
Avec amour un adorable enfant.
II
Il est plus grand que tous les rois du monde
Plus radieux que l'astre universel,
Plus éloquent que la foudre qui gronde,
Plus pur et saint que les anges du ciel !
Et cependant, il est né sur la paille ;
Son divin corps éprouve des douleurs
Que l'univers d'allégresse tressaille,
Car cet enfant rachète nos malheurs !
III
Au front du ciel une étoile rayonne,
Guidant les pas des rois les plus puissants
Qui vont offrir — en guise de couronne—
Au nouveau-né l'or, la myrrhe et l'encens !
Allons chrétiens, à l'exemple des Mages,
Nous prosterner devant le Rédempteur !
Adressons-lui nos vertueux hommages
Et redisons : Gloire au Libérateur !
(J. B. Caouette, Les Voix intimes, 1892)
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