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15 janvier 2021

Les feuilles d'érable

William Chapman, Les feuilles d'érable, Montréal, Typographie Gebhardt-Berthiaume, 1890, 241 p. 

Les feuilles d'érable est le deuxième recueil de Chapman. Il avait publié Les Québécquoises en 1876.

Ce qui frappe à première vue, c’est le flot de dédicaces qui coiffent les poèmes et qui parfois servent de titre. À titre d’exemples, sont nommés Auguste-Réal Angers, P. J. O. Chauveau, Leconte de Lisle, François Coppée, Sulte, Fréchette, Casgrain, etc.  Le recueil n’a pas de structure. On y lit autant de poèmes longs que de sonnets.

Le premier et le dernier poème ont comme sujet la France, elle qui « défend toutes les causes justes » et qui éclaire le « ciel des nations ».

Pour le reste, Chapman exploite à peu près tous les sujets en usage à son époque. On lit quelques poèmes patriotiques, la plupart faisant référence à la capacité de résilience des Canadiens français après la Conquête. Un long poème narratif, intitulé la « Bataille de Sorel », relate la victoire étonnante des Sorelois contre la flotte anglaise qui se rendait à Montréal pour concrétiser son triomphe en 1760.

La nature, celle des Romantiques, est le thème le plus traité. Chapman encense les beautés de la nature canadienne, en dresse de petits tableaux, nature qui instruit les hommes, qui les inspire (L’érable, Renouveau) et qui, parfois, se donne des airs épiques quand elle déploie toute sa splendeur comme dans L’aurore boréale.

Deux longs poèmes ont pour sujet les peuples autochtones (Le Huron, Les derniers Montagnais). Chapman épouse leur point vue, essaie de comprendre leur mode de vie et le deuil de la perte de leur culture. Dans « Le Huron », un père qui s’était éloigné de son peuple, pour fuir l’influence des Blancs, tue sa fille et son amant blanc.

La naufragée aborde un thème qui sera cher au « roman du terroir », celui de la ville corruptrice : une paysanne qui s’ennuie dans sa morne campagne, quitte sa famille et fuit en ville. Elle sera trompée, deviendra prostituée et mourra dans la plus abjecte misère.

Chapman traite aussi de sujets ethnologiques dans La sucrerie, Le Carnaval (de Montréal), Cadieux.

Beaucoup de poèmes rendent hommage à des personnes qu’il admire, souvent des artistes : Hugo, le curé Labelle, Oscar Martel, Eugénie Tessier, Gustave Drolet, Francis Parkman, etc.

Quelques poèmes semblent avoir été écrits au Lac St-Jean.

Chapman est à son mieux quand il raconte. On se demande même pourquoi il n’a pas écrit des contes.

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