Diane Pelletier
Spiecker, Les affres du zeste,
Montréal, Éd. Quartz, 1958, s. p. (Collection : Le refus de la colombe) (Dessins de Klaus Spiecker)
En 1958, les éditions Quartz ont publié Les poèmes de la sommeillante, de Kline Sainte-Marie et Les affres du zeste. Le format à l'italienne est privilégié dans les deux cas. J'ai déjà dit un mot sur cette maison d'édition quand j'ai présenté le recueil de Michèle Drouin, La duègne accroupie.
Les affres du zeste. Déjà le titre ! oui déjà le titre laisse entrevoir que le sens ne coulera pas de source. Ça commence ainsi : « à l'agonie du mensonge surviendra le souffle écarlate d'un mot fiévreux, c'est l'éclair qui craque le noir jais du ciel-orage, c'est la beauté qui frissonne à la chaude vision des plages exotiques qui n'exportent que danses et un seul danseur eunuque au palmier géant ». On comprend que la donnée de départ, c’est le mensonge, que tout un monde s’offrira quand ce mensonge sera découvert. On va retrouver dans la suite du recueil cette tension entre un monde hypocrite, menteur et le désir parfois violent de s’extirper de cette réalité : « L'aube de la foi glisse verticalement serrée / à l'étroite attente de la rue / le bras crie vengeance au grand bouclier / et meurtrir au sein de la passion / Froid, je n'ai que ténèbre au gouffre de vie / mais que viennent saison et blasphème / et se rive la mort au passé / et se fixe la foi sur l'aube ». On perçoit une grande souffrance. Qui tient à quoi ? Difficile à dire : « Elle ira au bord du vent qui creuse la lune / en chantant la nuit à la dune / elle ira l’âme suicidée / car sa mort est la seule pensée qui souffle / à l’abri des neiges folles / et du vent vert. » Il ne semble pas y avoir de véritables portes de sortie pour l’auteure.
On l’aura deviné, à la lecture des trois extraits ci-dessus, Pelletier-Spiecker donne à fond dans la
veine surréaliste. Inutile d’y chercher un sens trop pointu : il n’y a pas de discours vraiment structuré. On y ressent
davantage qu’on y comprend et moi, ce que je reçois, de cette prolixité verbale, c’est la souffrance et la colère d’un sujet qui a été trompé et, sans doute, beaucoup plus encore. Ainsi se termine le recueil :
Je poursuivrai
l'éternité de la rive
qui contourne
le refuge
mon pied
heureux s'y plait au profil du vent
au galet
découpé de parures primitives aux crachats de la mer
et au
crépuscule de ma haine dort la lèpre blanche
d'une main
amie
Il est des
lunes au détour des villes
qui pendent et
qu'on allume au-dessus des cortèges funèbres
pour cirer le
visage livide,
viens vivre,
on te parera de tant de condoléances
on te figera
là sous le lustre qui couronne la gloire
de la morte
vaincue qui vécut une vie
et sur la
dalle est marqué:
vert printemps morsure à l'hiver
noir souvenir d'abeilles jaunies
blanc fini.
dialogue.
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