Guy Gervais, Le froid et le fer, Montréal, Éd. de la
Cascade, 1957, s. p. (Avant-dire de Jean-Guy Pilon)
Le recueil renferme deux parties : la première contient des poèmes versifiées et la seconde, titrée « Du pain de givre », est
composée de cinq poèmes en prose.
Le
titre laisse présager une certaine sécheresse, sinon une dureté. Et en effet, il
n’y a pas beaucoup d’effusions lyriques dans les poèmes de Gervais. On y parle
de la nature sans épanchements ou de l’amour sans attendrissement. Jean-Guy Pilon écrit dans « l’avant-dire » que la poésie vise « l’ensemencement des frontières de l’émotion et de la
connaissance ». Selon ma lecture, l’approche est beaucoup plus
intellectuelle qu’émotive.
Le
poète ressent de la frustration devant un monde qui se refuse : « Encore une soif à tuer / pour que les
vertes orages grésillent / et que l’eau vermiculaire / plus que la rude bavure
des pavés / laisse mordre sa tendre vérine / au cou de la tolérance ». Ou
encore : « Où sont plantés les cris / libres et lourds d’écume / et
les souriantes dames ailées / Où sont les chairs brûlées / que je les suce
comme un soleil ».
En
même temps, on lit une certaine obstination à saisir ce qui peut l’être :
« Maintenant que la patience de l’eau s’est creusée / et que l’ombre
descend sur mes lèvres / je sais l’oubli murmuré des matins / et le chant neuf
à renouveler toujours / pour qu’au fond du visage / ne fleurisse pas un désert
d’os ».
La
seconde partie « Du pain de givre » touche davantage aux rapports
humains, et souvent amoureux. Ici aussi, on ne peut pas dire que le sujet est
en harmonie avec son entourage puisque la rupture et tout ce qui s’en suit nourrissent
l’inspiration : « Je sens le vent battre le fer chaud dans la plaie,
l’assèchement rude bâtir muraille avec la terre sèche du vide ». Ou encore :
« Puis l’on cueille sans promesse, et sous les algues douces des espoirs,
l’on se détourne déjà — Et le don durci au feu de l’indifférence a cet œil sec
et lumineux de fruit stérile ».
À travers les passages cités, il est facile
d’observer que Guy Gervais fait un grand usage métaphorique de la nature pour
exprimer sa vision du monde. Le recueil est bien présenté, la mise en page est travaillée, comme on peut le constater dans les pages ci-contre.
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