Georges Cartier, La mort à vivre,
Malines, CELF, 1955, 44 pages.
La première image que nous sert
Georges Cartier, c’est celle de personnes qui pénètrent dans une forêt pour y
trouver apaisement et liberté. Les poèmes des pages suivantes présentent un peu la
même trajectoire : on dirait que le poète tente de recoudre ce qui est
brisé, de relier ce qui est séparé, d’équilibrer ce qui est débalancé. Donnons
quelques exemples :
« L’arbre isolé incline /
Sous le poids d’amour et de joie / De l’oiseau qui chante seul / Au plus secret
du feuillage » (Assentiment)
« La barque est rendue /
Souvenir égaré / Au soleil de la baie / Pour qu’à travers les âges / La mer
berce toujours / Des barques renouvelées. » (Voix marines)
« Ophélie! / Tes cheveux sont
à jamais noués / Aux branches lasses du saule / Qui ploient sur toute mobilité
/ Mais qui toujours te garderont / Présence! » (Ophélie)
Le ton change à partir de la page
21. Il y a toujours une recherche d’équilibre, mais cette fois-ci entre la vie
et la mort : « Il y a la mort à vivre / Et tout courage mendie /
De connaître la mort / Pour incarner la vie » (La mort à vivre). Comme s’il fallait entrer la mort dans notre vie
pour donner un sens à celle-ci. L’idée est certes étrange, pour ne pas dire lugubre. On a droit à une petite visite au cimetière : « Pour avoir mis quatre limites /
Bien justes bien étroites / Pour avoir mis au centre juste / Des stèles
étroites bien polies / … / Les vivants les pauvres / Les misérables vivants /
Croient avoir relégué les morts / Au lieu choisi de leur absence ». (La mort a ceinturé les hommes) Ou
encore, beaucoup plus cru : « Tu parles beaucoup trop / Laisse à
toi seul la mort / Te dire ses confidences / Tu apprendras le sens / Et tu
verras le centre / De chacun de tes désirs : // Un carré de quelques pieds
/ Un trou de terre humide » (Quand
nous aurons tout dit)
Dans le dernier poème, l’auteur
nous dit que l’amour, sans lever la nécessité de lier la vie à la mort, offre
la possibilité d’être heureux. L’amour magnifie toutes choses dont la nature, l’amour
relie les humains entre eux : « Et notre amour vivant / Et notre
mort vécue / Sont l’énigme éclairée / De notre joie de vivre » (Mort–Amour). L’amour harmonise la vie
et la mort.
Les poèmes sont tous un peu
construits de façon semblable : les vers sont courts, très équilibrés, et il en va de même des strophes. Ce recueil a
été publié en Belgique et a remporté le prix Interfrance en 1954.
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