Gilbert Choquette, Au loin l’espoir, Montréal, Chez
l’auteur / Orphée, 1958, 48 pages.
« La plupart des poèmes de ce recueil ont été écrits à
Paris, quelques-uns à Montréal, entre 1951 et 1957 » (Choquette)
Le recueil contient 34 pages de
poèmes en vers et 14 pages de poèmes en prose.
Encore un poète qui se cherche et
qui utilise le thème du voyage, de l’errance et de la fuite : « Quand
j’existe à l’étranger / Je me sens à mille kilomètres / De moi-même » Où
trouver un havre ou, comme Grandbois, une île où poser sa vie : « « Je
dis qu’il n’est plus d’île déserte / Partout sous le soleil à l’œil inéluctable
/ Ce ne sont qu’images de la vie refusée ». Et, encore une fois, la femme
devient l’ancrage où l’homme peut étancher ses douleurs : « Quand je nage vers Elle / Tout
le grand ciel en moi déferle / Et son courant torrentueux / Lave mes yeux brise
ma peine ». Cette femme, évoquée le temps d’un poème, ne pourra rien pour lui. Le sujet sombre dans une paranoia intolérable : « Des
animaux cruels font autour de ma vie / Une ronde infernale au milieu de cris
fous ». Ou encore : « Toute avance aujourd’hui me fait
naître des haines / Le contact est douleur, voilà la vérité ». Cette
première partie se termine sur le motif
de la mort, mort des sociétés et mort du sujet. « Nous nous sommes
endormis / Sur nos villes naissantes » et « La mort s’obstinait à me
crier je t’aime… »
Dans la
deuxième partie constituée de poèmes en prose, on retrouve le même
climat délétère, le même vide existentiel, le même désespoir. Voici trois passages : « Se trainer le long de la vie, sans cible et sans fusil,
sans fierté, sans animosité, sans vie » ; « Dans le silence du vent
tombé, j’édifiai patiemment un temple de raison dont je fis ma demeure. Et le
ciel n’en fut point ni l’amour »; « Prisonnier, prisonnier,
prisonnier de l’aspect de ce monde emporté. Je ne ferme pas les yeux; je
regarde attentivement et je me solidarise avec lui d’autant plus qu’il me
révolte davantage ». Le dernier poème finit sur une note d’espoir (l’espoir
chrétien ?) : « Un vent de grâce me soulève et je prends mon élan
pour toucher Dieu ».
On peut écrire pour diverses
raisons. Il me semble que Choquette s’en sert comme exutoire, comme thérapie. Une façon de contraindre son mal, de se chercher, de trouver un
mieux-vivre. Disons que sa poésie est souvent lourde, même du point de vue
formel.