Jean-Baptiste-Antoine Ferland et J. de Villers, Le Sorcier de l’île d’Anticosti. À la recherche de l’or. Au pays de la
Louisiane, Imprimerie Bilaudeau, Montréal, 1914, 68 pages.
Deux auteurs ont participé à ce recueil. Notons que l’historien Ferland
est décédé en 1865, ce qui veut dire qu’on a exhumé son texte (Opuscules, Québec, Imprimerie A. Côté et
cie, 1877, 181 p.). Le livre contient trois récits, quelques poèmes et quelques
textes de morale.
Dans « Le sorcier de l’île d’Anticosti », Ferland nous
présente Gamache, un personnage de légende qui effrayait tout le monde et qu’on
tenait pour un sorcier, alors qu’il n`était qu’un manipulateur. Dans « À
la recherche de l’or », J. de Villers décrit le parcours difficile et
parfois inutile qui attendait les chercheurs d’or partis vers le Yukon. Dans « Au pays de la Louisiane »,
une nouvelle qui donne davantage dans l’imaginaire, J. de Villers raconte le
déplacement de deux jeunes filles et de leurs frères entre la Louisiane et
Saint-Louis. Ils sont sauvés in extremis de la torture par
Cœur-Vaillant.
Pour ce qui est des textes de morale, ils proposent des réflexions sur
la pauvreté, la charité, la reconnaissance, le bonheur. Ce sont des idées très
générales qui devaient édifier (!) le jeune lecteur.
Ces textes s’adressent à des jeunes de 13 ou 14 ans.
Extrait
De temps à autre, Gamache visitait les Montagnais de la côte du Nord,
pour traiter avec eux, quoique des voyageurs ne fussent pas sans danger pour
lui. Voici pourquoi : la compagnie des postes du Roi prétendait avoir le
privilège exclusif de faire le commerce des pelleteries au nord du
Saint-Laurent, et menait assez durement les caboteurs qui s’aventuraient sur
ses prétendus domaines. Élevé à l’école des Anglais, Gamache s’était déclaré
l’ennemi des monopoles ; dans les courses qu’il entreprenait avec sa goélette,
légère et fine voilière, il usait, à l’exemple de ses modèles, du droit de
trafiquer avec le monde entier. Comme il aimait à faire les choses franchement,
il allait étaler ses marchandises à la barbe des employés de la compagnie, dont
il méprisait les menaces, quand leurs forces n’étaient pas doubles des siennes.
Il était d’ailleurs assuré de trouver, dans l’occasion, des défenseurs parmi
les sauvages, qui favorisaient souvent les traiteurs.
Un jour que sa goélette était mouillée dans le port de Mingan, au milieu
d’un cercle de canots montagnais, et que le trafic allait rondement, une voile
apparaît au loin et semble se rapprocher assez vite. L’œil exercé du vieux loup
de mer a reconnu un bâtiment armé, dont il a déjà plusieurs fois éludé la
poursuite. « À demain, de bonne heure, mes amis, crie-t-il aux sauvages : ne
vous éloignez pas trop ; nous reprendrons les affaires, quand j’aurai donné
l’air d’aller à ces messieurs. »
L’ancre est levée, et pendant que l’ennemi court une bordée pour venir
tomber sur sa proie, la flotte de canots a disparu, et la goélette glisse
rapidement hors du port, toutes les voiles déployées. Le croiseur se met à sa
poursuite, espérant bientôt la rejoindre ; mais il avait compté sans Gamache,
habile pilote, qui réussit à conserver l’avance prise au départ. Cependant la nuit
se fait, et bientôt les deux bâtiments ne sont plus que deux ombres perdues sur
la surface des eaux.
Des aventures dans les postes de traite du Domaine du roi, ça m'intéresse ! C'est toujours un plaisir de vous lire.
RépondreEffacer5 centins. J'avais oublié cet ancien termes. Merci encore Monsieur Lessard. Toujours un plaisirs de lire vos découvertes d’antan.
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