Qui est l'auteur de ce texte?
Vous allez dire Ducharme, j'en suis certain. Mais c'est Ferron dans La Sortie.
« Des chevaux galopent au-devant
de l'eau. Pourquoi ne se transforment-ils pas en cachalots ? Il est difficile de
changer d'habitude. Ils se disent sans doute qu'ils veulent rester fidèles à
leurs ancêtres. Ah, vous serez bien avancés, patriotes-chevaux, quand le déluge
vous aura rejoints ! L'avenir est à la plongée, aux sous-marins, aux cétacées.
Et l'on peut aussi creuser la terre. On réduit les dimensions du living-room,
sans en changer les proportions, cela donne un cercueil, et l'on continue de
voyager dans la mort comme dans la vie, sans déranger personne. La terre tourne,
on ne s'ennuie pas; on fait le tour du monde comme des cosmonautes oubliés. On
ne peut plus s'arrêter. Pourquoi d'ailleurs arrêterait-on ? Où débarquer ?
Personne ne vous attend. Alors on continue de tourner. C'est sans doute cela une
vie éternelle... Ma pauvre perruche, dire que je t'ai aimée ! Et toi, poisson,
que deviendras-tu dans ton désert mouillé sans un Dieu pour faire tomber la
manne ? Et toi, palmier, comment pourras-tu regagner la Floride sur ton pied-bot
? La Floride, l'air libre, le vent; la vraie Floride qui est aux vedettes, aux
impudiques, aux impudents, aux millionnaires... La mienne, c'était une attrape,
les tropiques dans un living-room, le living-room dans un cercueil. »
Aucun commentaire:
Publier un commentaire