LIVRES À VENDRE

20 juillet 2009

Sur la grand’route

Damase Potvin, Sur la grand’route, Québec, Chez l’auteur, 1927, 215 pages.

La recueil compte deux parties : « Sur la grand’route » et « Croquis ». Comme j'ai déjà blogué la seconde (voir Contes et Croquis), je ne vais résumer que la première.

Sur la grand’route
Lucien Deschamps reçoit une lettre du curé des Escoumins lui apprenant la mort de son ami Paul Dumont. Ce dernier, un ami de jeunesse de Deschamps, a choisi d’errer à l’aventure, se contentant d’écrire des poèmes, vivant d’expédients et de petits travaux.

Le Bonhomme Therrien
Pour alimenter une industrie, on décide d’harnacher une rivière et de noyer certaines terres agricoles. Tous les fermiers, sauf le bonhomme Therrien, cèdent leur terre à la compagnie. Ce dernier est sûr que sa résistance lui permettra d’obtenir une compensation deux fois plus grande que celle de ses voisins. Finalement, on l’exproprie et il ne reçoit que la moitié de la compensation. Il en perd la raison et il passe les trente dernières années de sa vie dans une douce folie.

Le montreur d’ours
Un montreur d’ours vient d’arriver au village. Le soir venu, un jeune garçon, fasciné par la bête, se glisse dans la grange où est enfermé la bête qui le tue.

Dans la brume
Jean Blais et Jos Thibault, pêcheurs de Gaspé, sont surpris en mer par une épaisse brume. Ils passent deux jours à errer dans ce monde irréel. Ils finissent par rejoindre la terre ferme grâce à une cloche qui annonce la Nativité du Christ.

La Courvée
Les voisins ont joint les Duval pour faucher un champ. Le fils de Jacques Duval revient juste à temps de la guerre pour participer à la corvée. En fait, au terme de la journée, on doit élire le meilleur faucheur et, encore cette année, c’est Jacques qui mérite la palme de champion.

Le vieux cheval
Le père Dufour, malgré les objurgations de sa femme et de ses fils, ne se résignent pas à abattre son vieux cheval, le Blond, bête qui a partagé toutes les misères qu’entraînait le défrichement de sa terre en bois debout.

Une chasse-galerie moderne
Les bûcherons du Camp-au-Bouleau se préparent à assister à la messe de minuit dans leur camp. À la dernière minute, le missionnaire, malade, ne peut s’y rendre. Qu’à cela ne tienne, Tommy Smith qui s’occupe des avions de la compagnie vole jusqu’à Saint-Jérôme et convainc le vicaire de l’accompagner.

Une idylle
Maurice Archer, médecin, et Blanche Desrivières, infirmière, se sont connus à Londres alors qu’ils étaient engagés dans l’armée canadienne durant la Première Guerre mondiale. Ils se sont revus, pendant des vacances à La Malbaie, et sont tombés amoureux.

Saluons d’abord le fait que Potvin aborde, dans au moins deux nouvelles, des sujets qui ne doivent rien au terroir.

Potvin était un postmoderne (bien sûr, je me moque!) avant la lettre, il recyclait ses histoires, les servait à peine changées d’un livre à l’autre. Par exemple, on trouve le récit du « Vieux cheval » dans
Le Français, La Baie, La Rivière-à-Mars, « La courvée » est déjà dans Le Français. Pour le reste, il y a peu à dire, sinon qu’il me semble que l’écriture est un peu plus travaillée que dans ses romans. En note infrapaginale, on apprend que certaines de ces histoires ont valu à leur auteur des prix en Europe.

Extrait
Ils fauchent depuis le petit jour et déjà ils entendent dans l'espace ensoleillé perler les notes lointaines de l'angélus du midi. Ils fauchent depuis l'heure où les étoiles, plus basses et pâlies, clignotent sur la courbe frangée des collines. Les reins courbés, comme des lutteurs, d'un balancement régulier, pas à pas, ils attaquent les foins et le mil cendré. Les herbes, blessées à mort par les coups de la faulx, se courbent lentement puis se couchent en larges andains autour des deux hommes cependant que le soleil, à mesure, fane leurs fibres.

Un dernier éclair des faulx et les faucheurs s'arrêtent. Le soleil darde ses flèches sur toute la campagne, cuisant la terre, séchant l'herbe, accablant bêtes et gens. Il fait chaud à faire cuire des œufs sur une pierre.

Jacques Duval et son fils André vont s'asseoir dans l'ombre bariolé d'une clôture de pieux de cèdre et se mettent à mordre de tout le battant de leurs mâchoires dans la grosse galette brune du lunch du midi. (« La Courvée »)

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