LIVRES À VENDRE

24 avril 2008

Et la lumière fut (2)

On trouve de tout dans les livres anciens. Très souvent, ce sera la signature d'un ancien propriétaire (ex-libris), l'ex-dono d'une institution scolaire, la dédicace de l'auteur ou du donateur, des notes, des soulignements, sans oublier toutes les traces laissées par les bibliothécaires. Plus rarement, ce sera des objets insérés, puis oubliés dans le livre : une image sainte qui a dû servir de signet, une facture, un petit mot, une photographie...

Dans Et la lumière fut, j'ai trouvé trois coupures de journaux, écrites à 13 ans d'intervalle. La première datée du 9 décembre 1951 (journal non cité), une photo de l'auteure, et la seconde datée du 16 décembre 1951, une critique de Maurice Lebel, furent sans doute ramassées lors de la sortie du livre. La troisième est un long article publié dans Le Petit journal en page A42 dans la semaine du 8 mars 1964 : la journaliste Claude-Lyse Gagnon décrit les activités au quotidien de l'auteure qui vient de terminer un téléthéâtre intitulé La Mort d'Irène. L'article fait un tour de la carrière de l'auteure. Je vous présente ici les trois objets.



La critique de Lebel :

Dimanche 16 décembre 1951
Et la lumière fut

Tel est le titre imagé et biblique du deuxième roman de Charlotte Savary. Ce roman, malgré certaines faiblesses de facture et d'expression, est supérieur à ISABELLE DE PRENEUSE. Il est plus étoffé, plus mûr, mieux composé et mieux écrit qu'ISABELLE DE, PRENEUSE. Par bonheur, les personnages, à part Marie-Ange Lantier, s'expriment correctement, sans tomber dans le charabia canadien de trop de personnages de nos romanciers. ET LA LUMIERE FUT nous repose du parler populaire dont trop d'auteurs prennent plaisir à charger leurs œuvres. Ce roman ne manque pas non plus d'idées généreuses et nobles, de réflexions justes et d'observations pénétrantes.
Charlotte Savary nous introduit dans le monde de la loi et de la justice. L'histoire est centrée sur la famille Levasseur qui appartient à la haute bourgeoisie de Québec. Paul Levasseur, le héros, est avocat et fils d'avocat. Loin d'être un avocat médiocre, pour qui rien n'existe hors la légalité, il s'intéresse vivement au sort de ses clients, aux causes de leurs déboires, en un mot, aux relations entre la justice et la société. Cet avocat pense, a une âme et du cœur; ce n'est pas un code civil à deux jambes. Il s'intéresse à son frère qui quitte la famille pour faire du théâtre; à sa sœur dont le mariage est malheureux, et il se charge des enfants de sa sœur; à une cliente qui a été incarcérée pour homicide involontaire. Le bonheur lui fait défaut. Il est fait pour aimer et pour être aimé. A la fin il est heureux: il ressuscite. Le roman se termine sur le mot Résurrection. Il ouvre les yeux, il a trouvé sa voie, il est enfin maître de lui-même et de sa destinée, il a dépouillé le vieil homme.
Ce roman renferme des scènes émouvantes et pathétiques. La mort de Madame Levasseur, la fin du grand Raoul, l'entrevue de Marie-Ange Lantier et de son avocat, la grande scène de la famille Levasseur et le retour de l'abbé d'Odet, forment peut-être les événements les plus dramatiques du roman. ET LA LUMIERE FUT est un roman poignant, écrit d'une plume alerte, qui fait penser. Il ne suffit pas de RENDRE LA JUSTICE. Il faut commencer par remédier aux sources du mal dans la Société. Au reste, l'œuvre de réhabilitation incombe à chacun de nous. Notre société ne survivra pas si elle ressuscite. Chacun doit opérer en soi la résurrection.
Maurice LEBEL, M.S.R.C.

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