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7 mars 2008

La Terre du huitième

Adolphe Nantel, La Terre du huitième, Montréal, L’Arbre, 1942, 190 pages.


Jean Berloin a commis un petit délit qui lui a valu trois mois de prison. Il en a assez de la ville qui ne lui a apporté que des malheurs et des « tentations ». Il s’engage comme commis pour la Laurentide company, une compagnie forestière qui bûche sur la Saint-Maurice, près du Lac Guénard. Au contact des bûcherons, il renaît. Mais surtout il rencontre la famille Latourelle dont le père travaille comme entrepreneur de coupe de bois et vit sur place avec sa famille. Et dans cette famille, il y a Régine Groleau, la jeune belle-sœur, dont il tombe follement amoureux. Fous de désir l’un pour l’autre, les deux tourtereaux se tiennent à l’écart en attendant de se marier. Le mariage a lieu et le couple s’installe sur la terre du huitième à Saint-Zénon. Il prospère.

Roman du terroir tardif. Intrigue grotesque. Mièvreries. Amour à l’eau de rose. Vision manichéenne ville-campagne. On en apprend peu sur les chantiers. Descriptions qui se veulent poétiques. Mythe de la terre re-génératrice. Le héros urbain retrouve son corps d’athlète au contact de la nature. Le paradis perdu et retrouvé.

Extrait
Près de la source, Jean a construit un lit de branches souples. Tous les jours, pendant l'été, il invitait Régine à s'y coucher près de lui. Le soleil de novembre est chaud, aujourd'hui. Jean regarde sa femme.
— Ma Régine, tu te souviens du lit de mousse au lac du Caribou ?
— Oui, quand j'eus peur de moi et de toi, et toi aussi tu as eu peur...
— Nous n'avons plus peur aujourd’hui, ma bien-aimée.
Après un moment de silence, Régine appuie sa tête sur l'épaule de son homme et murmure : l'heure est à l'amour, mon Jean...
Et les époux, seuls devant Dieu, parmi la nature qui se dépouille pour l'hiver, reprennent un moment le chant interrompu de la vie, ce chant qui donne aux amants une illusion d'immortalité.
Après le départ de Régine, qui rentre à la maison pour coudre, tisser et préparer le repas du soir, le roi de la terre du huitième, lui, se ploie davantage vers le sol pour en retravailler la substance, poussé par l'inextinguible désir d’agrandir son patrimoine, sachant bien que d’autres fils sortiront de son amour. (p. 188-190)

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