13 mai 2010

Adagio

Félix Leclerc, Adagio. Contes de Félix Leclerc, Montréal, Fides, 1943, 204 pages.

Félix Leclerc est né en 1914. Il fait ses débuts à la radio en 1934. À partir de 1940, il écrit pour ce média différents textes qu’il publiera sous les titres d’Adagio, d’Allegro et d’Andante. Adagio est consacré aux contes et aux nouvelles.

Le traversier
Nicholas doit épouser Marie. Survient dans le village une troupe de Bohémiens, dont la belle Guyanne qui l’ensorcelle.

Violon à vendre
Hubert Thomas, violoniste réputé, veut vendre son violon au luthier qui l’a fabriqué, parce qu’il ne peut plus en jouer.

Procès d'une chenille
Une araignée tisse autour d’une chenille, accusée de vol, un cocon. Un beau papillon en surgit.

Le voleur de bois
Un pauvre voleur de bois est pris sur le fait. L’homme explique si bien son « malheur » que le fermier volé finit par l’inviter chez lui.

Cantique
Comme « quelque chose dans sa tête ne fonctionnait pas bien », il devint le fou du village. Comme il aimait par-dessus tout le chant, on le surnomma « Cantique ». « Ah! le jeudi. Il avait ce rendez-vous hebdomadaire, qui lui faisait oublier la laideur de la vie. / Comme un amant attend celle qu'il aime, il se préparait le jeudi midi, regardait souvent l'heure, piétinait dans la cour, impatient, nerveux ; et vers les trois heures enfin . . . passaient près de chez lui en riant comme l'eau des cascades, les demoiselles du couvent qui se rendaient à l'église, répéter les cantiques du dimanche. »

Le feu sur la grève
Conte patriotique. Un vieux marin enseigne à son fils l’importance de perpétuer l’héritage.

Monsieur Scalzo
De retour de l’usine, Monsieur Scalzo charme les enfants des environs avec son accordéon.

L'orage
Un homme, spécialiste en saisie, s’arrête chez des paysans pour laisser passer une tempête qui le terrorise. La tempête étant passée, il retrouve toute son arrogance. Métaphore de la guerre.

Pour ceux qui restent
C’est le 23 décembre. Tous les collégiens sont partis en vacances, sauf trois dont la famille, trop loin et trop pauvre, ne peut payer le voyage.

L'attente
Un village, qui attend un enfant parti à la guerre, se refait une âme. La guerre purificatrice.

Voyage de noces
Deux paysans, venus passer leur voyages de noces en ville, au bout de trois jours, n’en pouvant plus de tant d’inaction, rentrent à la maison.

La trace
Alban Laforêt a un fils qui veut s’établir en ville. Hymne à l’agriculturisme, à l’idéologie de conservation.

Norbert
Nortbert, après avoir goûté à la ville, est devenu colon dans le fin fond de l’Abitibi. « Je recule le bois pour faire de la place aux foyers. Je fais le ménage dans la forêt pour recevoir la race. Je prends mes ordres des défunts, ma force sur le chapelet. Je ne parle pas de tous les secrets que le bon Dieu me dit, par-dessus mon épaule des fois; qu'est-ce que vous voulez ... un continuateur de pays a de grands privilèges; d'ailleurs, c'est le seul ami que j'ai. Soyez pas inquiets pour moi. Je sais qui je suis. »

Tanis
Tanis, l’infirme, est amoureux de la belle Flora.

L'écriteau
Deux paysans se réconcilient lorsque l’un d’eux accourt pour aider l’autre lors de l’incendie sa grange.

Banc 181
Incapable de secouer ses paroissiens, tous gagnés à la modernité, le curé décide de fermer l’église. « Le vent avait soufflé ses germes de mort sur la paroisse, vieille de soixante-dix ans. Par toutes les portes du village, le modernisme entrait avec ses méthodes-éclair de s'enrichir, son dédain affiché des vieilles choses, sa soif de sport et de volupté, son "je m'en foute" à propos des questions religieuses ; le modernisme entrait au village au son d'une musique impure et sensuelle, et il n'y avait pas de murs pour l'arrêter. Symptômes de décadence ! »

Religion et travail
Jean-Pierre va faire sa communion solennelle.

Par intérim
Un grand-père (la France) demande à son petit-fils (le Québec) d’assurer la continuité pendant qu’il soigne sa maladie (la guerre). Critique de la société canadienne-française qui vit dans une torpeur sécurisante.

Ce qui étonne en lisant ce recueil, c'est la posture de Leclerc. On est surpris de voir qu’il défend l’idéologie de conservation de la façon la plus conventionnelle qui soit : la terre, la religion, la famille, l’héritage français.

Les contes de Leclerc, comme le veut le genre, sont souvent didactiques. La plupart du temps, la morale demeure implicite; parfois, plutôt que de laisser parler son conte, l’auteur s’égare dans des développements, à mon sens, superflus.

La guerre est très présente, même si elle est toujours vue de loin : Leclerc y voit (comme c’est le cas de tous les malheurs) l’occasion pour les hommes de se parler, de se purifier, de retrouver des relations humaines fondées sur la compassion, la solidarité et l’amour.


Une des qualités de Leclerc tient à sa facilité à créer des personnages intéressants. L’écriture, qui évolue souvent par accumulation, confère un tour plus poétique que réaliste aux contes.

Félix Leclerc sur Laurentiana
Adagio
Allégro
Andante
Pieds nus dans l'aube

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