10 mai 2024

Jéricho

Claude Péloquin, Jéricho, Montréal, Alouette, 1963, 28 p.

Claude Péloquin (1942-2018) est surtout connu du grand public comme auteur des paroles de « Lindberg » de Robert Charlebois et du petit poème sur la murale de Jordi-Bonnet au Grand Théâtre de Québec : « Vous êtes pas écœurés / De mourir / Bande de caves. / C’est assez! » Il a aussi (et surtout) publié plusieurs recueils de poésie. Jéricho a été imprimé sur les Presses sociales de Michel Chartrand. 

Péloquin est une figure de la contre-culture. Rien de tel ne paraît dans Jéricho, son premier recueil dédié… à Henri Bosco. 

Dès les premiers poèmes, on remarque la difficulté du poète à s’arrimer au monde qui l’entoure : « Il est pesant d’ouvrir les yeux / Sur ces mondes qui s’affaissent ». Ce n’est pas qu’il ait renoncé, mais plutôt que tout finit par lui échapper : « Parti en mal d’aimer / S’est cassé en deux pour battre ses sentiers et de lune / Mais les grands vents l’ont mordu / Au tournant des villes / Alors est reparti en mal de mer / Pauvre comme riche / Nu comme taudis ». Comme si, en dehors de l’enfance, de la nature ou des clochards de New York, iI n’arrivait pas à communier avec la réalité sociale dans laquelle il baigne. Ici se situe l’image du mur de Jéricho, du mur impossible à franchir : « L’écho de Jéricho / A sombré au large des sourds / L’armée des bouffis s’est assise / Farandole de gavés en soi / Qui sèche à la lune / Sans horizon que le ventre / Les cul-de-sac bedonnants / Ont mis trompettes en fuite/ me jetant comme aumône ». En d’autres mots, un monde dans lequel il ne se reconnaît pas, un monde qui n’est pas pour lui.

Le recueil contient une seconde partie intitulée « Pour hommes et bêtes » où la poésie se transforme en contes poétiques. Péloquin met en scène les enfants, des vagabonds, un vieillard qui vit avec son chien, la nature, bref tout un monde rêvé qui échappe au réel, bref sous une forme différente, ce qu’on a déjà lu dans la première partie.

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