11 février 2022

Le vertige de sourire

Gilbert Langevin, Le vertige de sourire, Montréal, Atys, 1960, 4 pages. (Feuillet 4 pages sous chemise. Imprimé à l'Atelier Pierre Guillaume.) (Exemplaire de la BAnQ)

Le vertige de sourire ne contient qu’un poème, mais quel poème! On dirait que Langevin, lui qui nous a habitués aux poèmes plutôt courts, vient de découvrir le surréalisme et qu’il s’amuse comme un enfant devant son nouveau jouet. 

 

On y lit :


Des images empruntées à des thématiques assez éloignées : 

« tonneaux de larmes pentecôte ou menottes

morsure à cul de planète

sous le miel trop de vinaigre »

 

des enchaînements plutôt tortueux : 

« mes péchés printaniers mes péchés de velour

vomissures d’étoile sperme ventriloque

la vitre se laisse lécher hublots sur absence

quoi de plus doux que la langue d’un fou

discordance

fouillis gélatineux des sacristies panorama de chair »

 

Mais au-delà de cette liberté verbale, on a un homme avec ses complexes, sa culpabilité, ses restes de croyances religieuses, et aussi un révolté…

« ah que mon regard à ce trop loin de la main s’embarque

chandelle d’œil-en-ciel     flamme éteinte

découvrir tant de choses

l'imposition des chaînes de la connerie

les lois de pesanteur

la constellation des jalousies

le sang qui se répand

cet essor éperdu qu’on perd à tout instant

dans le bonheur     dans la torture »

 

… avec cette volonté de trouver des alliés : 

« mais dans mon exil volontaire

il y a les poissons     il y a la tortue

il y a le chat     il y a les oiseaux

eux aussi sont mes frères

j’en ai même aux lèvres le sourire

le vertige de sourire face au vide »

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