Roch Carrier, Les jeux incompris, Montréal, Éditions Nocturne, 1956, 22 pages.
Le premier livre de Roch Carrier (né en 1937) n’est qu’une toute petite plaquette de 14 poèmes. Il n’avait que 19 ans au moment de la publication et, bien entendu, ça se voit, ça s’entend.
Cela dit, malgré des maladresses, il y a déjà un « écrivain » dans Jeux incompris. Le rebelle de La guerre, yes sir est aussi déjà là, dès le premier poème, intitulé « Moi ». « Moi je me moque des grands arbres / Qui me font des toitures d’ombre / Et je prends un plaisir fou / À fredonner des romances insolites / Aux oiseaux gouailleurs ». Le jeune auteur semble avoir des difficultés à renoncer au monde de son enfance : « Je songe à nos hardies balades en montagne / À nos secrètes cavernes de neige /…/ Tous ces bonheurs qu’il a fallu renier ». Vieillir, s’instruire, c’est renoncer à un état d’esprit mais aussi à une certaine culture : « Un adolescent au bord du chemin / Serre une vieille image sur son cœur ».
Pour le reste, ce sont des poèmes qui parlent du désir d’apprivoiser cette nouvelle vie : « Avant la somptueuse maturité des vignes / Il fallait / Éparpiller les rêves d’abondance encore / Il fallait / Qu’on enseigne à mes mains / Le geste aveugle d’empiler la récolte dans le grenier. » Et aussi, les derniers vers du recueil : « Mon cœur est bien plus grand qu’un cœur d’enfant / Mes bras ne pouvaient enlacer toutes ses amours ».
Cherche tes mots cherche tes pas
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