Simone Routier, Le long voyage, Paris, Édition de
la lyre et de la croix, 1947, 153 p.
Le séjour de Simone Routier en France est brutalement
interrompu en 1939. D’abord la France déclare la guerre à l’Allemagne, mais
surtout son fiancé Louis Courty décède dans un accident d’automobile, deux
jours avant leur mariage. Simone Routier rentre au Canada et séjourne 10 mois au cloître du monastère des Moniales de Berthierville entre 1941 et 1942. Le
long voyage et Psaumes du jardin clos ont été écrits dans ce lieu de
retraite.
Le
long voyage compte 75 poèmes à caractère religieux. On pourrait résumer ainsi :
Routier avoue ses « errances », s’en confesse : « J’ai
été si puérile, mon Dieu, si odieuse et entêtée à ne point comprendre. / … /
Vous pouviez si bien, mon Dieu, m’abandonner à mes bourrasques de prétentions,
/ M’abandonner, gonflée à éclater de l’univers — pour y avoir trop bu à pleines
lèvres ». Le « long voyage », c’est une démarche expiatoire vers
l’acceptation de la mort de son ami, mais aussi la quête d’un réconfort dans la découverte du Christ : « Un
matin j’avais compris : au Christ on s’identifie; c’est Lui qui entre et
s’installe dans le cœur, de toute sa hauteur et de toute sa largeur, avec sa
Croix et des douleurs. »
Quelques poèmes constituent un éloge funèbre pour Louis Courty, le fiancé disparu :
« La vie de ce cher être — essayons aujourd’hui d’en parler — était vraiment
un poème. / Il était fort, il était grand — que le regard se posait sur lui
avec agrément! — et sa vie lui ressemblait. / Son fin sourire et son regard
émouvant étaient la droiture même / Et nul ne pouvait se défendre de l’aimer
quand il souriait. »
Enfin, Routier évoque à quelques reprises la vie ascétique
des sœurs dominicaines (voir l’extrait).
Même
si le texte est disposé en vers (versets, serait plus juste), on a plutôt
l’impression de lire de la prose poétique. Les poèmes sont longs, la parole est
ample, peu métaphorique, peu lyrique. Routier ne sombre jamais dans le
mélodrame malgré les circonstances dramatiques. La nature est le point de
départ de quelques allégories dans lesquelles l’autrice chante la paix
retrouvée, sa rencontre avec Dieu.
Le recueil est dédié « à [s]a sœur Gabrielle, sœur Simone-Thérèse,
missionnaire à Ganganika ». Il contient beaucoup d’épigraphes et de poèmes
dédicacés.
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