LIVRES À VENDRE

5 avril 2019

Le Cap au diable

Charles Deguise, Le cap au diable, Ste-Anne-de-la-Pocatière, Firmin Proulx, 1863, 45 p.

En un lieu non nommé en Nouvelle-Écosse, en 1755. Le couple St-Aubin et leur petite fille Hermine mènent une vie paisible et heureuse. Ils vivent de la pêche. Leur vie est brisée quand les Anglais débarquent à Grand-Pré. Lors du rassemblement qui devait mener à la déportation des Acadiens, le père, qui se trouve à Grand-Pré par affaires, est fait prisonnier et déporté. Quant à Madame St-Aubin, fuyant l’arrivée des Anglais, elle se réfugie dans les bois avec sa petite fille et réussit à survivre à durant l’hiver grâce à Jean Renousse, un Autochtone dont elle et son mari avaient déjà été les bienfaiteurs. Le printemps suivant, elle décide de gagner le Canada. Elle s’embarque, avec Hermine, sur un bateau d’immigrants qui fait route vers Québec. La traversée est difficile et, lors d’une tempête, le navire s’échoue sur le Cap au diable, en face de Kamouraska. Tous les passagers périssent, sauf Madame St-Aubin et Hermine. Celle-ci, qu’on avait attachée sur un radeau de fortune, est retrouvée plus loin par des Autochtones. Quant à Mme St-Aubin, croyant sa petite fille morte, elle sombre dans la folie. Quelques années passent. Jean Renousse, ayant émigré au Canada lui aussi, retrouve par hasard Hermine au Saguenay. Et en allant vendre ses fourrures à Trois-Rivières, il retrouve par hasard Monsieur St-Aubin, de retour au Canada après avoir été déporté en Angleterre. Il ne reste plus qu’à retrouver la mère, ce qui est fait. Toute la petite famille, avec Renousse et sa femme, retournent en Acadie.

En lisant mon résumé, vous aurez compris que le hasard joue un grand rôle dans ce récit, à commencer par le fait que la mère et la fille sont les seuls survivants du naufrage. La reconstitution de la petite famille est aussi faite de rencontres dues au hasard. 

Au départ, le récit se donne des airs de conte fantastique. Deguise raconte qu’une femme apparaît lors des tempêtes sur les falaises du Cap au diable, implorant le ciel de lui redonner sa petite fille (d'autres conteurs vont raconter cette « légende »). Mais compte tenu de la place de l’histoire dans la trame événementielle, on peut dire certainement que Le Cap au diable est un récit historique. Plutôt que de raconter lui-même la déportation des Acadiens, l’auteur cite l’historien François-Edme Rameau de Saint-Père.

Le roman manque un peu de précision, entre autres pour ce qui est des déplacements des personnages. Par exemple on ne sait pas précisément où habitaient les St-Aubin en Nouvelle-Écosse. On ne sait pas comment tous ces personnages se déplacent. On cherche aussi le lien entre la déportation des Acadiens... et un cap dans les environs de Kamouraska.

La narration est écolière. « Comment l’hiver se passa-t-il ? Laissons à M. Rameau de dépeindre ce que durent souffrir les malheureuses victimes de l’expatriation. C’est d’ailleurs de lui que nous empruntons la partie historique de ce récit, en ce qui concerne les Acadiens. »

Lire sur Charles Deguise
Sur Laurentiana, voir aussi Hélika, vieux maître d’école

Extrait :
Plus loin, en cinglant vers le sud, et avant que d’arriver au charmant village de Kamouraska, vous apercevez un cap, dont la vue vous frappe et vous impressionne péniblement. Son aspect est morne et sombre, les rochers qui le composent sont arides et dénudés, son isolement, le silence et la nature désolée et presque déserte qui l’environnent, son éloignement de toute habitation ; tout, enfin, concourt à jeter dans votre âme un malaise étrange et inexprimable. Quelques bas-fonds qui l’avoisinent en rendent l’approche difficile, si impossible, non même aux bâtiments d’un faible tonnage. Ce Cap, c’est le « Cap au Diable. »
Mais d’où vient donc ce nom qu’enfants, nous ne pouvions entendre sans frémir ! A-t-il été le théâtre de quelques apparitions infernales, ou bien a-t-il servi de repaire à quelque bande de brigands ; et les bruits confus qu’on y entend ne sont-ils pas les cris de vengeance des victimes ensanglantées que l’on trouva à ses pieds, ou dans son voisinage ? personne ne le sait ; la justice des hommes a libéré les accusés : victimes et meurtriers sont aujourd’hui devant Dieu !

Aucun commentaire:

Publier un commentaire