Laure Conan, Larmes d’amour,
Leprohon & Leprohon, Montréal, 1897, 60 p.
Francis
Douglas, un bel Écossais, est en villégiature à La Malbaie. Toutes les femmes
sont en pâmoison devant lui, d’autant plus qu’il est réservé et semble parfois
triste. Thérèse, l’héroïne de cette histoire, connaissait déjà ce jeune homme
puisqu’il avait sauvé sa mère adoptive lors d’un voyage à Philadelphie. Elle
est très sensible à son charme. Lors d’une discussion, il lui avoue qu’il a
perdu un ami très cher, d’où sa tristesse. Il lui dit aussi qu’il est
protestant. Rapidement, les deux en viennent à s’aimer.
Plutôt
que de retourner dans son pays, Francis décide de demeurer auprès de son
amoureuse, à Montréal. Les deux projettent de se marier malgré la différence de
religion. Thérèse vit tout cela difficilement et espère le
convertir : « J’ai porté son bouquet à l’église, je veux qu’il
se fane devant le saint sacrement, et quand il sera flétri, j’irai le reprendre
pour le conserver toujours. Seigneur Jésus, vous êtes au milieu de nous et il
ne vous connaît pas. Il ne croit pas au mystère de votre amour. Mais vous
pouvez lui ouvrir les yeux de l’âme, et le faire tomber croyant et ravi à vos
pieds. » Mais Francis est bien décidé à conserver sa religion : « Il
est vrai, nous ne professons pas tout à fait la même foi, mais tous les deux,
nous savons que Dieu nous aime et qu’il faut l’aimer ; tous les deux, nous
savons que secourir les pauvres est un bonheur et un devoir sacré ; tous
les deux, nous croyons que Jésus-Christ nous a rachetés par son sang. Ma noble
Thérèse, ma fiancée si chère, ne craignez donc pas d’être ma femme ; ne
craignez pas de vous appuyer sur mon cœur pour jusqu’à ce que la mort nous
sépare par l’ordre de Dieu. »
De
guerre lasse, elle décide d’offrir à Dieu sa vie pour la conversion de Francis.
« Et alors elle me dit qu’en voyant comme Francis demeurait préjugé,
aveuglé, malgré les prières continuelles qu’elle faisait faire pour sa
conversion, elle avait cru que Dieu voulait peut-être la faire contribuer à son
salut plus que par la prière, et qu’elle avait offert son bonheur et sa vie
pour lui obtenir la foi. » La veille de son mariage, Dieu exerce son
vœu : dans l’espace de quelques heures, Thérèse frappée d’un mal soudain
et inguérissable décède. C’est en assistant à ses derniers moments que la grâce
frappe Francis. « Tout est fini pour moi sur la terre, et pourtant je
succombe sous le poids de la reconnaissance, car la lumière s’est faite dans
mes ténèbres et je suis catholique, oui, catholique, Ah ! béni soit Dieu
qui m’a donné la foi ! » Un an après avoir pleuré sa belle, il se fait
baptiser, retourne en Europe et entre au monastère de la Grande Chartreuse.
L’histoire
est très romantique, avec ses deux héros orphelins qui découvrent leur amour
sur les berges du Saint-Laurent à La Malbaie.
Ce qui semblait au départ audacieux – le mariage d’une catholique et
d’un protestant – devient on ne peut plus convenu : le sentiment
religieux ne laisse aucune place à l’humain, comme si l’amour de Dieu ne pouvait
souffrir aucune concurrence. En choisissant cette fin, Laure Conan
« s’épargne » le débat sur le mariage interconfessionnel. Dommage.
Laure Conan sur Laurentiana
Larmes d’amour
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