Charles DeGuise, Hélika. Mémoire d’un vieux maître d’école, Montréal, Eusèbe
Sénécal, 1872, 139 pages.
L’histoire se déroule au XVIIIe siècle sur une soixantaine
d’années. Le point de départ, c’est un triangle amoureux. Le narrateur aime Marguerite
qui aime Octave. Quand ces deux derniers se marient, le narrateur jure de se
venger. Incapable de supporter la vue des amoureux, il décide de fuir dans les bois. Il est accueilli
par des Hurons qui lui donnent le nom d’Hélika. Il devient même le chef de la
tribu et participe aux guerres menées contre les Iroquois, s’adonnant à toutes
les atrocités. Quelques années plus tard, toujours possédé par son désir de
vengeance, il enlève l’enfant d’Octave et de Marguerite, Angeline, et la confie
à une vieille Autochtone qui a la réputation de maltraiter les enfants. Les
parents vont finir par mourir de chagrin. Des années passent, Angeline est
devenue une adolescente. Non satisfait de la mort de Marguerite et d’Octave,
Hélika veut poursuivre sa vengeance : il veut donner Angeline à Paulo, un Autochtone aussi féroce que lubrique. C’est alors qu’intervient à quelques reprises
un acte surnaturel : quand il tente de faire du mal à Angeline, la mère de
celle-ci lui apparaît. Un changement plutôt mal expliqué finit par se produire
et, de tortionnaire vindicatif et cruel, il devient un père aimant et attentif.
« Toutes ces pensées différentes me bouleversaient et lorsqu’enfin
je pus m’endormir, une fièvre ardente s’était emparée de moi et ma tête était
brûlante. Mon sommeil fut pénible et agité. J’étais au milieu d’un songe
affreux, lorsqu’un éclat de tonnerre plus terrible que tous les autres vint
abattre un chêne énorme à quelques pas de moi. Le bruit me fit ouvrir les yeux
et que devins-je? En apercevant un spectre hideux penché sur moi, son souffle
glacé, comme le vent d’hiver m’inondait tout le corps. Bientôt un pétillement
comme celui d’un incendie dans les bois se fit entendre. Des lueurs sombres et
sinistres environnèrent le spectre. La figure s’en dégagea. Grand Dieu! que
vis-je? C’était Marguerite telle que je l’avais vue le matin, plongeant encore
son regard dans le mien. Il avait la même fixité et le même éclat; mais cette
fois de même que dans la savane, il était chargé de menaces. Ma frayeur
augmenta encore, lorsqu’approchant sa bouche décharnée de mon visage, elle me
répéta de sa voix brève et sépulcrale: « Frappe si tu l’oses! »
Entre-temps, Hélika s’engage avec d’autres Hurons dans la guerre contre
les Anglais. Il est fait prisonnier, est
vendu comme esclave (on le croit Autochtone). Cinq ans plus tard, il réussit à
s’échapper. De retour au pays, il découvre qu’Angeline est mariée et a un
enfant : Adala. Mais son mari vient
juste d’être condamné à mort, suite à un procès injuste. Pétrie de chagrin, Angeline décède et Hélika se retrouve seul
avec Adala qu’il entoure de ses bons soins, voulant racheter à tout prix le mal
qu’il a fait à sa mère et à ses grands-parents. Le récit de sa vie n’est donc
que la recherche de rédemption d’une âme torturée.
La structure du récit est inutilement compliquée : un vieux maître
d’école raconte une histoire dont a été témoin un autre maître d’école, il y a
soixante ans. Ce dernier assista aux derniers instants de vie d’Hélika (il a
plus de 80 ans) et fut le dépositaire d’un écrit dans lequel ce dernier raconte
sa vie. Et plusieurs autres histoires sont imbriquées dans le récit d’Hélika. Bref,
que d’entourloupettes inutiles pour avoir accès au récit d’Hélika.
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