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22 octobre 2018

Dans mon jardin

Jeanne L’Archevêque-Duguay, Dans mon jardin, Montréal, Fides, 1951, 254 pages (Dessins de Rodolphe Duguay)

« … je m'oblige à écrire afin de ne pas me laisser matérialiser l’esprit, c'est tellement dangereux, dans l’atmosphère de la cuisine et aussi pour mieux comprendre mon époux (Rodolphe Duguay). Voilà qui regarde beaucoup plus la vocation du mariage que la vocation littéraire, d’ailleurs... »

« Ma vocation littéraire… converge de ma votation maternelle. À la naissance de mon premier enfant, un ami m'offrit: « Deux petits hommes et leur mère » et « Les heures du Foyer » par Henriette Charasson. Ce fut l’étincelle Les émotions ressenties autour de ce premier berceau, les beautés de ma campagne s'annotèrent, au jour le jour, pour mon propre plaisir. » (Adrienne Choquette, Confidences d’écrivains, 1939, p. 100-101)

(Lecture de survol) Les différentes parties vont ainsi. « Fleurs de maison » évoque le travail, les difficultés et les bonheurs de la femme au foyer.  « Bouquets d’enfants » est assez près de la première partie ; l’auteure donne une attention particulière à ses enfants (leur premier pas, premier mot, la première communion,  le départ au couvent…) et à son rôle de mère souvent difficile. « Gerbe mystique » témoigne de la grande croyance de l’auteure : certains poèmes prennent l’allure d’une prière, d’autres contrefont des prières déjà existantes ou reprennent des passages évangéliques de façon personnelle. « Fleur de Dieu » est dans la suite de la partie précédente, mais beaucoup plus mystique : alors qu’on était plutôt dans la prière, on est maintenant dans la réflexion. Disons que l’auteure essaie de comprendre la présence de Dieu dans sa vie. « Première fleur de sainteté cueillie dans les jardins de notre église » est dédié à Mgr Paul-Émile Léger. Cette partie se détache de l’ensemble : tous les poèmes ont pour sujet Marguerite Bourgeoys et son œuvre. 

RACHEL
Je baise ton front purifié ma mésange que Dieu nous donna, hier.
Ma petite Rachel, toute menue, toute frileuse, dans ta robe baptismale.
Je te presse sur mon cœur et réchauffe tes membres de poupée ; pour mieux sentir battre cet être de mon être, que l’Église vient de sanctifier.

Sous l’étreinte maternelle, tes yeux se ferment, tu dors paisible, ignorante du monde ; du monde où tu arrivas, hier, comblant notre nid d’une joie pure, ma mésange chérie.
Depuis une heure, les anges s’inclinent vers toi et chantent ta naissance dans le Christ.
Tu ne sais pas cela, ma Rachel, que ton âme a des ailes, maintenant, pour monter jusqu’au Ciel.
Nous, ton papa, ta maman, le savons et te baisons avec le respect dû aux choses saintes.
Que de secrets j’ai dit à Jésus, à l’heure du Baptême, dans la solitude j’ai fait une prière :
Seigneur, Vous nous prêtez encore cette petite âme. soyez mille fois béni, ô Dieu !

Maître divin, permettez que je Vous la donne, à mon tour, je suis trop humaine pour la garder.
Pour lui conserver sa blancheur éclatante d’aujourd’hui.
Vous seul pouvez en prendre soin.

Le Baptême lui donne des ailes fortes et puissantes, aidez ma petite fille, dans les grandes envolées ; je Vous donne en soin ma mésange, Jésus. (p. 55-56)


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