24 octobre 2018

Suite marine

Robert Choquette, Suite marine, Montréal, Pierre Péladeau, 1953, 330 p. (Illustrations de Lomer Gouin)

(Je n’ai lu tout au plus que 30 des 330 pages. Il y a peu de livres qui me résistent, mais celui-ci m’oblige à admettre mes limites. Je vais donc en donner une idée en présentant la table des matières et en citant des courageux qui l’ont lu.)

Suite marine, c’est de 6000 à 7000 vers sur un thème unique : l’amour. À travers ce thème, c’est l’histoire de la vie qu’évoque Choquette en utilisant la mer et ses soubresauts comme allégorie.

La table des matières
Prologue; Chant I — La maison sur la mer; Chant II — La plage; Chant III — Le village; Chant IV — Les vieux conteurs; Chant V — Les dunes; Chant VI — Les mers tropicales; Chant VII — La nuit millénaire; Chant VIII — Le cap; Chant IX — La pluie; Chant X — La jetée; Chant XI — Le phare; Chant XII — La figure de proue.

Le sujet
« Quelle est l’affabulation de Suite Marine? Un homme et une femme connaissent un amour si noble que, faute de pouvoir maintenir leur passion au niveau de la perfection, ils décident d’y renoncer afin d’en garder l’image intacte. Mais l’âme ne se départit pas ainsi de l’amour sans que le corps regimbe. Tel est le drame de Suite Marine auquel la mer donne son espace et la mort son aboutissement temporel. » (Bessette et all.,  La littérature canadienne-française)

Quelques critiques
« Le cas de Robert Choquette constitue une sorte d’anachronisme dans la littérature canadienne-française, au milieu du XXe siècle, en ce sens que, si l’auteur perpétue des valeurs traditionnelles de prosodie et d’inspiration, il ne semble pas avoir été touché par le problème de l’aliénation contemporaine. À lire son œuvre, on ne dirait pas que la guerre a passé, ni son cortège d’angoisse et de révolte. » (Bessette et all.,  La littérature canadienne-française)

« Choquette apparaît vers 1930 comme un des tempéraments poétiques les plus robustes. Sa fougue juvénile donnait vraiment du panache à sa poésie; après s’être montré longtemps réfractaire à l’unanimité des criti­ques de son temps qui pestaient contre les incorrections de ses poèmes, il a desséché son talent dans sa méticuleuse Suite marine. Ce qui devait être le chef-d’œuvre de sa carrière a été publié trop tard. » (Samuel Baillargeon, Littérature canadienne-française)

« Dans l’histoire de la littérature canadienne, il n’est peut-être pas de création poétique à laquelle il soit plus difficile de rendre justice. La jeune critique canadienne a fort mal reçu Suite marine, lui trouvant un air stérile et démodé. Cet autodafé, auquel survivra le nom de Robert Choquette, soulève un problème fondamental : un artiste peut-il se hausser au grand art en empruntant tout à ses devanciers ? Robert Choquette pratique l’alexandrin avec une déférence si conservatrice qu’il remonte pour ses modèles plus volontiers au XVIIe qu’au XIXe siècle. Comment ne pas ressentir de malaise aussi devant un vocabulaire dont les mots-clef (azur, or, ciel bleu, etc.) sont parmi les plus galvaudés de la poésie française du siècle passé ? Il n’est pas jusqu’à l’échafaudage philosophique de ce poème qui ne sente un peu le moisi. » Gérard Tougas, Histoire de la littérature canadienne-française)

« Le destin de Robert Choquette est singulier. Il est d’abord apparu dans nos lettres, vers 1930, plein d’audace, bousculant préjugés et routines, choquant ses lecteurs et les émerveillant. Puis on s’est habitué à ses dons, on leur a découvert des failles et on s’est mis à l’admirer pour la valeur et l’originalité réelles de son apport à la poésie québécoise. Des jeunes de 1960, frappés, lors de la publication de ses œuvres complètes, par une fécondité qui n’est généralement pas leur fait, ont jugé cette abondance stérile et démodée. Le malheur voulait bien en effet que, démodée, cette poésie l’était devenue entretemps. […] Choquette ne se sera jamais lui-même suffisamment méfié des images et des formules galvaudées par un trop long usage. Trop admiratif, trop respectueux à l’égard d’une esthétique qui fut opportune et nécessaire il y a un siècle, il aura fait l’erreur de rivaliser trop exclusivement avec ses devanciers. » (Pierre de Grandpré, Histoire de la littérature française du Québec, t. II)

« Le temps passe, des poèmes demeurent. Suite marine de Robert Choquette peut être relu pour sa force d'évocation, son originalité et l'universalité qu'il apporte à notre poésie et à la poésie de langue française. Ces chants qui interrogent la mer, l'amour et la mort, prennent leur souffle dans la nécessité de la confrontation aux forces du cosmos, de l'infini. » (Beausoleil, C. (2005). Robert Choquette. Lettres québécoises, (119), 54–54.)

« Malgré des hauts et des bas, inévitables dans une œuvre d'aussi longue haleine, on trouve des morceaux d'une facture très réussie et d'une belle inspiration, ainsi que des vers d'un véritable orfèvre. » (Clément Moisan — Lire sa belle analyse dans le DOLQ) 



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