Louis-Paul Hamel, Poèmes, Chez l’auteur, Charlesbourg, 1958, 49 pages. (Couverture
de Jean Miville-Deschènes)
Le
recueil a été publié à compte d’auteur. Disons que Hamel, et sa poésie presque
toujours versifiée, devaient déjà paraître vieillots à la fin des années 50. Retenons
que certains poèmes sont datés de la fin des années 40.
Le principal thème de l’auteur, c’est
l’amour, mais pas dans le sens traditionnel. En fait plusieurs poèmes font état
de « relations troubles » sans trop nommer les choses, comme il
convient dans un recueil de cette époque.
Il y
a la « femme-lumière », « belle d’élégante douceur », mais
il y a aussi la « flâneuse », une soûlonne libertine, et le
« gueux sensuel », un vieux viveur décrépit.
Parfois
la rencontre est pleine de charmes : « Une belle apparaît dans le pas
de mon songe, / Une belle qui pleure et qui prend des blés d’or / Dans les
mains de l’automne où ses doigts se prolongent / Comme un bonjour de joie et de
riches décors. »
D’autres
fois, la relation baigne plutôt dans un climat délétère et même une certaine
morbidité : « Dans l’obscure / La douloureuse cicatrice / Laissée par tes
dents de fer / Je saigne ton sourire pour en faire ma lumière. / Je distingue
charnellement / Les vivants et les morts / Comme les vers les plus grossiers /
Et les plus affamés / Et de ces instants morts dans la vie / Et vivants dans la
mort / Je nourris calmement / Ma propre pourriture. »
Ce
qui rattache Hamel à son époque c’est le sempiternel sentiment de culpabilité
lié à la sexualité. La notion de péché n’est jamais très loin : « Chétif,
comme tout corps abreuvant de son sang / L’avenir assassin et ses veines
immondes, / Je rôde près des chairs lascives de Satan / Et caresse mon corps
d’illusions profondes. // Je voudrais pour mon cœur des plaisirs sans regret /
Une parole hostile au poids de ma misère / Et pour mes souvenirs honteux de
leur secret / Recueillir le bonheur d’aujourd’hui sans colère. »
Vers la fin du recueil, le poète semble élargir son
inspiration : « Je suis le révolté d’un peuple qui rugit, / D’un
peuple qui n’a rien et qui doit tout donner ». C’est la misère des laissés-pour-comptes qui pousse Hamel à la révolte.
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