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6 janvier 2017

Autour d'un nom

Madame Théry (Madame J.-W. Thériault), Autour d'un nom, Montréal, Édouard Garand,  1926, 114 pages. 

Le fils de Madame Huguette Durand, une veuve, suit des cours de piano à la maison avec un professeur renommé : M. James. Celui-ci prend plaisir à parler avec elle, quand la leçon du fils est terminée. Ils discutent de guerre, de religion, de littérature, de musique. Des choses de l’esprit, ils en viennent à des sujets plus personnels. Ils sont amoureux, sans se l’avouer. Madame Durand, par hasard, finit par découvrir qui est ce M. James. Son nom véritable est James Douglas, c’est un musicien anglais renommé et... il est marié. Ils se revoient, s’avouent leur amour, mais se quittent. 

Autour d’un nom est un roman sentimental mais aussi un roman d’analyse, surtout psychologique. Je ne dirais pas pour autant que les deux héros sont crédibles. En fait, il est peu probable qu’un musicien, qui fait des concerts partout dans le monde, s’abaisse à donner des cours à un débutant. On ne comprend pas trop ce que ces deux êtres font ensemble, ce que ce musicien trouve de si fascinant chez cette dame qui vit en recluse. On saisit encore moins qu’il faille tant de temps à madame Durand pour découvrir qui est ce M. James. 

Bien entendu, l’amour est le sujet principal de l’auteure. « La souffrance est la rançon de l’amour. L’une est en raison directe de l’autre comme les deux membres d’une équation rendus égaux. C’est qu’il faut payer cher la jouissance d’éprouver ce sentiment, à nul autre comparable, quand il est pur de tout alliage. »  

Mais on parle aussi de littérature, surtout de Musset; de musique, surtout de Chopin et Beethoven. Toute l’histoire, aussi bien dans ses références que dans ses thèmes, baigne dans un romantisme un peu démodé. « L’artiste, mon petit, n’est qu’un pauvre être humain à qui la nature a donné une grande sensibilité. Il souffre, aime et pleure plus que les autres. Cependant, quand il parvient à exprimer ce qu’il ressent, soit en vers, en musique, sur la toile ou dans le marbre, il éprouve la satisfaction du riche magnifique qui prodigue son or, ou le bonheur de la femme qui comble celui qu’elle aime des trésors de son affection. »

L’écriture est plutôt tortueuse, si bien qu’il faut relire plusieurs phrases, syntaxiquement plus ou moins correctes. Le vocabulaire est souvent approximatif et Garand a mal fait son travail d’éditeur-correcteur, comme c’est souvent le cas. 

Je n'ai rien trouvé sur cette madame Théry, sinon qu'elle est née en 1870 et qu'elle a publié un autre livre sous le même pseudonyme: À mon fils en 1918.

 Extrait
« Les voyageurs, qui se sont plu dans les lieux et les compagnies délétères, reviennent rapetissés de leurs courses à travers les continents, parce qu’ils sont tombés de tout le poids de leur corps vers ce qui est vil. D’autres, attirés avec une égale force, par les choses élevées, acquièrent une culture éminente. M. James était de cette catégorie.

Près de lui, Madame Durand se sentait à l’aise, comme on l’est toujours avec les gens d’une éducation parfaite. En plus, elle éprouvait le plaisir attristé dont on jouit à traverser des lieux enchanteurs qu’on n’espère plus revoir. Ceux-ci se gravent dans l’esprit; les soirs, toujours pareils, sans être monotones, où M. James était là, Huguette les revivrait seule avec le souvenir de l’artiste qui faisait exprimer aux touches d’ivoire jauni, toutes les tendresses, toutes les mélancolies, toutes les fièvres du cœur, toute la désespérance de l’amour qui ne peut se donner, sentiments éternellement jeunes, à quelque âge qu’on les éprouve, parce qu’ils sont immortels comme l’art. »

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