8 février 2013

Rêveries


William Athanase Baker, Rêveries, Montréal, Beauchemin, 1915, 15 pages.

William Athanase Baker (1870-1949) était avocat. Il a été membre de l’École littéraire de Montréal à partir de 1909. Il a publié six recueils de poésie, mais la plupart ne sont que des fascicules. C’est le cas de Rêveries publié en 1915 qui ne contient que 12 poèmes. Il va reprendre la plupart de ses poèmes déjà publiés dans son principal recueil, Les Disques d’airain en 1918.

Sa poésie n’est ni patriotique ni régionaliste. On disait avec raison de Baker qu’il était un poète philosophe. Ses thèmes sont universels. Dans son poème « Au poète », il définit sa conception de la poésie : « Tu vis dans ton rêve, et le monde est un hochet / Dont tu dis la romance éternelle et profonde ; / Ton âme est l'infini, car c'est l'âme du monde. » Le poète est en quelque sorte « la voix de la Nature ». Même quand il aborde un thème comme la guerre, Baker est plus enclin à célébrer la « Pensée » que les héros : « Ton espoir est sorti de l'auguste Pensée, / Ce refuge de l'homme en face du brutal ». Même le romantique thème de la solitude se termine par une réflexion mystico religieuse : « Le renoncement divin par quoi l’homme / Échappe à l’homme ainsi qu’au lourd destin, / Et devient libre et calme et pur, tout comme / La nature à l’aube d’un calme matin. »

SOIR RUSTIQUE

La corolle des fleurs par la brise inclinée
Exhale, près d'un lac, d'enivrantes senteurs,
Comme un lustre qu'allume au mois de l'hyménée
Le soleil créateur de parfums, de couleurs.

Ouvrier du futur au soir de sa journée,
Le poète vibrant à toutes les douleurs,
Se repose en ce lieu de sa verve indignée,
Et se reprend à vivre en des espoirs meilleurs.

Puisant l'auguste paix en ce divin nectar,
Il voit languir aux cieux la lumière en retard,
Et résigné devant les sources éternelles.

Invoquant la nature aux forces maternelles,
Le poète serein, en son rêve s'endort,
Comme un astre couchant tombe dans un ciel d’or.

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