19 avril 2009

Propos canadiens

Camille Roy, Propos canadiens, Québec, L’Action sociale, 1912, 323 pages.

Propos canadiens, c’est un recueil d’essais que Camille Roy fait paraître en 1912. Il est divisé en cinq chapitres : Propos rustiques, Propos de morale, Propos patriotiques, Propos scolaires et Propos littéraires Je ne reviendrai pas sur Propos rustiques, puisque l’auteur a repris ce chapitre dans un autre livre que j’ai blogué. La plupart de ces textes ont été écrits pour les journaux et les autres, à l’occasion d’une conférence ou encore d’un événement spécial. Ce qui est intéressant, ce n’est pas la circonstance, mais le discours de Camille Roy, les valeurs qu'il défend, le regard qu’il porte sur la société canadienne-française du début du siècle. Tout religieux qu’il soit, il était quand même l’un des intellectuels de pointe, du moins si on considère l’énorme influence qu’il a eue sur la vie littéraire. Il aurait été fastidieux de résumer chacun de ces textes. J’ai plutôt essayé d’en extraire un court passage qui les résume bien, bref de laisser la parole à l’auteur. J’ai laissé en blanc quelques chapitres (nil) qui n’avaient pas d’intérêt.

I- PROPOS DE MORALE
La femme ou Réflexions sur les « Bloomer Girls »
Quelques jeunes Américaines, les « Bloomer Girls », viennent offrir une exhibition de leur habileté au baseball : « Mais tous ces exploits virils ne sont que des épisodes dans la vie de la femme chrétienne. Et le christianisme a vraiment tracé à la femme un autre rôle, qui lui doit être habituel. Et la femme chrétienne, mieux encore que la païenne, est la gardienne et l’ange du foyer. C’est à elle qu’incombe le devoir de régler l’ordre de la maison, et de vaquer aux soins du ménage. Quelle qu’elle soit, duchesse, bourgeoise ou roturière, elle doit connaître le chemin de la cuisine et celui de la dépense; elle est l’intendante du gouvernement domestique. Et si elle a des filles à élever, à former, à préparer à la vie, la femme chrétienne a le devoir de leur apprendre leur métier de maîtresse de maison, de les initier à l’art de pétrir, et de les habituer à ne pas considérer le stade, les champs de « base-ball », ou seulement la rue comme la voie large et libre où se peut engager leur vie. Elle doit en faire toujours des jeunes filles instruites, discrètes, pratiques, aimables, vertueuses, et jamais des « bloomer girls ». (p. 79)

Cartes postales
« Oui, il y a dans telles vitrines de tels libraires catholiques de Québec, des cartes postales, c’est-à-dire des images, des scènes, des tableaux, des nudités, des démarches, des gestes, des actions qui sont un défi jeté à la morale publique. Il y a là des poèmes complets de la galanterie la plus saugrenue, de la passion la plus indiscrète et la plus suggestive, poèmes lascifs que vous pourriez voir se développer en plusieurs chants, c’est-à-dire en des séries assorties de cartes postales, qu’un honnête père de famille ne voudrait pas laisser sur la table de travail de son jeune fils ou de sa jeune fille. » (p. 88)

Leçons de la rue
« Sur le trottoir de la rue Notre-Dame-des-Anges, une femme était assise, accroupie, et baveuse, à moitié consciente de son ivresse malpropre, et incapable de continuer sa route. Elle pouvait avoir cinquante ans. Elle portait le costume négligé et pauvre des femmes de son espèce. Une chevelure en désordre mal cachée sous un large chapeau de paille, l’œil éteint et morne, le visage abêti. Une ruine écroulée sur un mauvais trottoir: un reste de vie humaine sous des haillons sales. » (p. 92)

Première leçon d’un moineau
« Mais l’esprit de l’homme et son cœur ont besoin, pour s’étendre à la mesure de leurs humaines ambitions, pour s’élever à la hauteur de leurs surnaturelles destinées, de soumettre à la loi du travail, à la contrainte de la discipline, à l’influence des maîtres et des livres leurs fragiles énergies. » (p. 106)

Idéal de jeunesse
« L’Association catholique des jeunes, c’est évidemment, et on la devine sans peine, un groupement des forces les plus neuves et les plus saines qu’il y ait aujourd’hui parmi nous et autour de nous. » (p. 110)

Une âme de jeune
Article écrit à l’occasion du décès de Jules Vallerand : « Dans ses articles sur la crise religieuse chez les jeunes, il proposait, avec raison, comme dérivatif à tant de passions ardentes qui sollicitent la volonté du jeune homme, la mortification, l’esprit de sacrifice, la culture de l’art, et les œuvres d’action sociale catholique. C’est tout un programme de vie que nous rappelons à tous ceux qui ont été tristes de le voir trop tôt mourir. » (p. 123)

Lectures des jeunes gens
« Il y a longtemps, mes amis, que l’on travaille à la bibliothèque du doute, de l’indifférence ou même de l’hostilité en matière religieuse. […] des écrivains railleurs ou démolisseurs de la foi catholique, d’autres ont passé, Voltaire et les encyclopédistes, et Michelet et Renan, et Taine, Berthelot, et leurs disciples, plus ou moins grands et plus ou moins petits, qui ont usé leurs forces et leurs talents à violenter notre nature avide de croyance religieuse, et à nier l’évidence de notre besoin de Dieu. Vous savez quel mal ils ont fait, Voltaire surtout et les encyclopédistes, à notre société canadienne au commencement et jusqu’au milieu de l’autre siècle, alors que l’on vit s’adonner à la lecture assidue de ces philosophes les meilleurs esprits de notre monde politique et littéraire.» (p. 127-128)


II- PROPOS PATRIOTIQUES

Pensées pour le 24 juin
Publié aussi dans Propos rustiques.

Pour la langue française
Allocution prononcée devant la Société du parler français : « Cette œuvre, vous me permettrez de le rappeler ici, consiste surtout à étudier la langue que nous parlons, et celle que nous écrivons; elle se préoccupe d’en rechercher les origines, les transformations et la valeur; elle prétend encore à révéler avec le langage des foules et celui des écrivains toute l’âme canadienne qui s’y enferme et qui y transparaît; elle souhaite de découvrir, dans le parler populaire et dans la langue écrite, le tour d’esprit et quelque chose de la vie elle- même de nos gens; elle veut voir s’y peindre ou s’y refléter les mœurs caractéristiques, pittoresques, et les habitudes intellectuelles de la race. » (p. 152 )

Pour l’extension de la langue française
« De toutes les langues romanes, la langue française, qui a déjà joui dans le passé d’une universalité si hautement reconnue, paraît s’imposer davantage aux chercheurs d’un parler international. Ne se recommande-t-elle pas encore par cette beauté, cette clarté, et cette souplesse qui ont fait sa fortune? Elle est de plus essentiellement analytique. » (p. 159-160)

Québec, ville française
« Au reste, la fidélité est une vertu française, et Québec s’est toujours honoré de l’avoir soigneusement cultivée. Fidélité au roi de France, aussi longtemps que la France régna sur les bords du Saint-Laurent; fidélité au roi d’Angleterre, depuis le jour où l’Angleterre eut la bonne fortune de nous compter pour ses libres citoyens. Alors même que d’autres, sur cette terre française de la province de Québec, trouvaient bien dur le joug du vainqueur, et, dans un geste de folle et noble impatience, essayaient de le briser sur le dos de leurs compatriotes anglais, Québec plus calme et plus politique, plus sage et plus capable d’attendre l’heure des utiles revendications, refusait de s’associer aux paysans armés qui s’en allaient mourir sans espoir dans les champs de Saint-Denis, de Saint-Charles et de Saint-Eustache. Québec restait fidèle au drapeau; et ce ne fut pas par indifférence ou par paresse, mais plutôt par loyauté et pour le noble dessein de mieux servir la fortune de ses destinées françaises. » (p. 167)

Le couronnement du roi
À l’occasion du couronnement de Georges V, en 1911 : « C’est Dieu qui donne aux rois la puissance, et c’est Dieu qui leur donne aussi la sagesse. Toute autorité vient de Celui qui règne dans les cieux, et à qui seul appartient la gloire, la vraie grandeur, l’unique indépendance. S’il est permis aux hommes de désigner l’élu, celui qui sera parmi eux le chef ou le roi, les hommes ne peuvent conférer à cet élu ce qu’ils ne possèdent pas eux-mêmes, le droit de commander à autrui, et d’imposer aux peuples la règle de leurs devoirs.» (p. 176-177)


III- PROPOS SCOLAIRES

À l’école primaire

« On n’écrit guère aujourd’hui sur l’école primaire sans parler de ce mal, et sans charger tout le monde d’y trouver un remède. » (p. 190) « Les programmes et les méthodes sont ce qu’il importe le plus de réviser et de redresser. De quoi s’occupent d’ailleurs, ou paraissent s’inquiéter beaucoup ceux-là qui sont sans doute les plus compétents en ces matières, parce qu’ils sont du métier, je veux dire les instituteurs eux-mêmes, et quelques inspecteurs, et les directeurs de nos Écoles Normales. » (p. 191)

À propos des écoles séparées
« Qu’on ne s’y trompe pas, les provinces de l’Ouest pourront avoir de bonnes écoles, même si ces écoles sont confessionnelles, comme elles pourront en avoir de fort médiocres même si elles sont neutres. Que les gouvernements fournissent à ces écoles des secours suffisants, et catholiques comme protestants s’empresseront, leurs intérêts même les y engagent, de les faire aussi parfaites que possible. Le mérite réel des écoles, au point de vue pédagogique, ne peut s’identifier avec leur qualité d’écoles confessionnelles ou neutres. » (p. 208-209)

Notre enseignement secondaire
« Par la force des choses, d’abord, et peut-être un peu par indifférence ensuite, on n’a pu donner à la formation des maîtres toute l’attention qu’elle requiert. Nous avons longtemps vécu sur nos seules traditions, et des générations de professeurs se sont successivement passé le flambeau, sans qu’on ait pu le raviver à une autre lumière, au foyer d’une autre vie intellectuelle plus ardente et plus intense. » (p. 217)

Comment écrivent vos fils et vos filles?
« On sait que les écoliers ont devancé, pour l’orthographe, la commission de la réforme. Ils se chargent eux-mêmes de supprimer les lettres inutiles, et d’écrire au son. Ils défigurent ainsi les mots que l’on est accoutumé de voir avec leurs organes traditionnels, et ils horripilent leurs vieux professeurs. » (p. 226)

Pour le grec et le latin
Nil


IV- PROPOS LITTÉRAIRES

Impressions académiques
Nil

Journalisme décadent
« Notre journalisme quotidien est en décadence. Et quand nous affirmons ceci, nous voulons surtout désigner les grands journaux à douze, seize, vingt-quatre et trente-six pages. » […] « Et pourquoi est-il décadent? Parce qu’il a trop de pages et trop d’images; et parce qu’ayant tant de pages et tant d’images, il ne peut remplir ses colonnes que d’une prose médiocre, et couvrir sa double ou triple façade que de dessins d’une valeur artistique très contestable. » (p. 278-279)

Mgr Laflamme
Nil

Chez les Français du Canada
Nil

Les Arpents de neige
Nil
 

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