Marie-Louise Cordeau, même si elle est issue d’une famille paysanne, est une jeune fille brillante, dont la personnalité étonne son entourage. Son père, qui a perçu la nature exceptionnelle de cette enfant, lui a payé des études qui lui ont donné un raffinement qui détonne dans son milieu. Les garçons de son petit village des Laurentides osent à peine l’aborder, même si elle est très sociable et pas du tout imbue d’elle-même. De toute façon, tous ces garçons présentent peu d’intérêt à ses yeux, sauf Côme Damien, qui lui fait une cour tout en délicatesse et à laquelle elle semble quand même un peu sensible. L’été, comme son village est aussi un lieu de villégiature et qu’elle s’occupe d’un restaurant-bureau postal, elle a la chance de rencontrer des gens des classes supérieures. C’est ainsi qu’elle fait la connaissance d’un jeune avocat, Georges Simon : elle tombe amoureuse de ce gars raffiné et lui aussi éprouve beaucoup d’attirance pour cette fille saine, brillante. Pourtant, il garde un certain quant à soi, incompréhensible pour la jeune fille.
L’automne venu, Marie-Louise, voyant partir l’élu de son cœur, décide de déménager en ville. Georges lui trouve une pension et un emploi. Plus encore, il la fréquente assidument, l’aidant à apprivoiser la grande ville et à parfaire son éducation culturelle. Il semble lui être complètement dévoué, amoureux d’elle; pourtant, le mot qui transformerait leur amitié en amour ne vient jamais. De guerre lasse, la jeune fille lui impose le jeu de la vérité. Il finit par lui avouer que le but de sa vie, c’est d’abord d’accomplir son rêve de jeunesse, soit devenir une personne influente dans la société. Il a rencontré un célèbre avocat qui l’aide à gravir les échelons. Il est déjà prévu qu’il va épouser la fille de ce dernier. Dégoûtée, Marie-Louise décide de rentrer chez elle. C’est ce bon Côme Germain qui l’attend à la gare.
Il ne faudrait surtout pas mettre ce roman dans les mains des féministes. Avec raison, elles crieraient à la bêtise. Premièrement, il est bien évident que la jeune fille ne peut rien faire sans les hommes; mais plus encore, qu’elle décide de revenir à la maison, donc de revenir en arrière, elle qui commençait à s’affranchir des hommes est, à proprement dit, aberrant. Les gens de la ville sont tous fourbes et mauvais, les gens de la campagne simples et bons. Le roman aurait pu évoluer de façon tellement différente.
Sinon, c’est un roman sentimental avec peu de profondeur. En fait, c’est un roman qui véhicule très peu de sens. Quand Marie-Louise fait la découverte du milieu artistique, l’auteur se permet de critiquer les milieux d’avant-garde. On se demande s’il n’est pas en train de défendre la naïveté de son roman.
Extrait
L’automne venu, Marie-Louise, voyant partir l’élu de son cœur, décide de déménager en ville. Georges lui trouve une pension et un emploi. Plus encore, il la fréquente assidument, l’aidant à apprivoiser la grande ville et à parfaire son éducation culturelle. Il semble lui être complètement dévoué, amoureux d’elle; pourtant, le mot qui transformerait leur amitié en amour ne vient jamais. De guerre lasse, la jeune fille lui impose le jeu de la vérité. Il finit par lui avouer que le but de sa vie, c’est d’abord d’accomplir son rêve de jeunesse, soit devenir une personne influente dans la société. Il a rencontré un célèbre avocat qui l’aide à gravir les échelons. Il est déjà prévu qu’il va épouser la fille de ce dernier. Dégoûtée, Marie-Louise décide de rentrer chez elle. C’est ce bon Côme Germain qui l’attend à la gare.
Il ne faudrait surtout pas mettre ce roman dans les mains des féministes. Avec raison, elles crieraient à la bêtise. Premièrement, il est bien évident que la jeune fille ne peut rien faire sans les hommes; mais plus encore, qu’elle décide de revenir à la maison, donc de revenir en arrière, elle qui commençait à s’affranchir des hommes est, à proprement dit, aberrant. Les gens de la ville sont tous fourbes et mauvais, les gens de la campagne simples et bons. Le roman aurait pu évoluer de façon tellement différente.
Sinon, c’est un roman sentimental avec peu de profondeur. En fait, c’est un roman qui véhicule très peu de sens. Quand Marie-Louise fait la découverte du milieu artistique, l’auteur se permet de critiquer les milieux d’avant-garde. On se demande s’il n’est pas en train de défendre la naïveté de son roman.
Extrait
— Pauvre petite... sois sûre que si je n'écoutais que l'impulsion du moment, je te prendrais dans mes bras et je te dirais : « Soyons heureux, je travaillerai ferme pour toi. Nous monterons ensemble. Cela prendra dix ans, quinze ans... » Voilà ce que je te dirais... Encore une fois, comprends-moi, conseille-moi. Comprends que j'obéis en te parlant à une décision prise lorsque j'étais un étudiant inquiet et laborieux, une décision froide, brutale, qui fait ma vie depuis sept ans. Je me suis encoigné dans l'idée que pas une femme, pas un sentiment, rien ne pourrait m'amoindrir ni me faire dévier de ma route ; j'avais résolu d'écarter impitoyablement de ma vie tout ce qui ne favoriserait pas mon ambition. J'accomplis une sorte de programme. Tu comprends bien un peu cela, dis-moi ? Je tâche de ne rien omettre, mais je t'assure que mon état d'âme n'est pas facile à éclaircir... Je ne sais plus du tout... Je suis embarrassé... embarrassé !... je ne sais vraiment que faire... ah... misère !
Il s'était levé et arpentait la pièce, déjà envahie par la pénombre. Quand il passait devant la fenêtre, elle distinguait, à la lueur rosé du jour finissant, ses traits bouleversés, et le désordre de sa cravate et de son col ouvert, qu'il tourmentait de ses doigts nerveux.
— Mais c'est affreux ce que tu dis là, Georges. C'est affreux et c'est inhumain... C'est bête ; est-ce qu'on attache une telle importance à une résolution de jeunesse ?
— Ce n'était pas une résolution ordinaire...
— Mais cette résolution était absurde, c'était une erreur. On ne connaît pas ce que réserve l'avenir... Il est fou de régler d'avance sa destinée !
— Je sais, ma chérie, c'est ignoble... Je savais que
tu n'admettrais pas de tels calculs. Mais ne t'affole pas et ne sois pas trop dure. S'il le faut, j'ajournerai la réalisation de mes projets, je me transformerai...
— Il me semble que si j'étais un homme, j'aurais plus de courage que toi ! (Elle s'animait et sa voix laissait percer l'exaspération). Si j'avais ton talent, tes moyens, j'affronterais tout, la vie ne me ferait pas peur... et je saurais garder à mes côtés la femme de mon choix !
— Tu as raison, va, et je ne suis qu'un odieux égoïste... je suis lamentable !... je ne t'ai même pas parlé de ta douleur, à toi... Car tu en as, je le vois trop. Tu m'aimes donc bien, toi aussi ?...
C'en fut trop. Elle éclata :
— Je ne pensais pas qu'il fallait te le dire... Je t'aime comme jamais je n'aimerai personne. C'est mon premier, ce sera mon seul grand amour. Tu ne sais pas tout ce que tu as été pour moi, ce que tu m'as révélé, et ce que je vais perdre... Tout, dans ma vie, t'attendait... Je n'ai changé d'existence que pour te garder... Maintenant, je n'espère plus rien... (p. 150-151)
Il s'était levé et arpentait la pièce, déjà envahie par la pénombre. Quand il passait devant la fenêtre, elle distinguait, à la lueur rosé du jour finissant, ses traits bouleversés, et le désordre de sa cravate et de son col ouvert, qu'il tourmentait de ses doigts nerveux.
— Mais c'est affreux ce que tu dis là, Georges. C'est affreux et c'est inhumain... C'est bête ; est-ce qu'on attache une telle importance à une résolution de jeunesse ?
— Ce n'était pas une résolution ordinaire...
— Mais cette résolution était absurde, c'était une erreur. On ne connaît pas ce que réserve l'avenir... Il est fou de régler d'avance sa destinée !
— Je sais, ma chérie, c'est ignoble... Je savais que
tu n'admettrais pas de tels calculs. Mais ne t'affole pas et ne sois pas trop dure. S'il le faut, j'ajournerai la réalisation de mes projets, je me transformerai...
— Il me semble que si j'étais un homme, j'aurais plus de courage que toi ! (Elle s'animait et sa voix laissait percer l'exaspération). Si j'avais ton talent, tes moyens, j'affronterais tout, la vie ne me ferait pas peur... et je saurais garder à mes côtés la femme de mon choix !
— Tu as raison, va, et je ne suis qu'un odieux égoïste... je suis lamentable !... je ne t'ai même pas parlé de ta douleur, à toi... Car tu en as, je le vois trop. Tu m'aimes donc bien, toi aussi ?...
C'en fut trop. Elle éclata :
— Je ne pensais pas qu'il fallait te le dire... Je t'aime comme jamais je n'aimerai personne. C'est mon premier, ce sera mon seul grand amour. Tu ne sais pas tout ce que tu as été pour moi, ce que tu m'as révélé, et ce que je vais perdre... Tout, dans ma vie, t'attendait... Je n'ai changé d'existence que pour te garder... Maintenant, je n'espère plus rien... (p. 150-151)
Aucun commentaire:
Publier un commentaire