25 juillet 2007

L'initiatrice

Rex Desmarchais, L’initiatrice, Montréal, Albert Lévesque, 1932, 175 pages.


Jacques est fils de médecin. Il habite un village près de Montréal. Il ne s’y sent pas tellement à l’aise, lui le jeune intellectuel dans un milieu grossier. Dans ce village se trouve une vieille maison depuis longtemps abandonnée : le Castel. Un jour, on s’aperçoit que des ouvriers sont en train de la rénover. Bientôt une famille d’origine espagnole s’y installe. Bizarrement, le père n’est jamais là. On ne voit que la mère et la fille, toutes deux très dévotes, repliées sur elles-mêmes. Jacques tombe amoureux de la fille.

Il la rencontre, elle répond à ses avances, sans jamais aller trop loin. De toute évidence, elle cache un secret. Jacques entreprend son éducation littéraire : Lamartine, Musset. Ils s’entendent à merveille jusqu’au jour où il la demande en mariage. Elle lui répond qu’elle ne peut pas, sans s’expliquer. Par dépit, il décide de l’abandonner. Il imagine le pire. Elle tombe malade et meurt. Il finit par percer le mystère. Elle est la fille d’une « relation illégitime » de sa mère. Depuis ce temps, son père les punit, en les isolant dans des endroits où elles ne connaissent personne, en les déménageant quand elles commencent à tisser des liens.

« Roman de la jeune génération » de l’éditeur Albert Lévesque. Climat romantique à la René de Chateaubriand : le jeune héros incompris, passionné, et la jeune fille mystérieuse qui cache un mal secret. Le style et toute l’histoire sont très ampoulés. Approche psychologique facile. Beaucoup de mièvreries. En fait, vous l’aurez compris, ce n’est pas très bon. **½

Extrait
Parmi les feuillages roux, les stèles... Un acre désir de vivre dont vibre l'être tout entier...
La splendeur douce d'une belle journée d'automne jamais ne m'a laissé indifférent. Vers la fin de l'après-midi, l'azur se fait diaphane et presque vert de mer. La lumière, qui ruisselle sur les feuillages à peine mordorés, semble de qualité plus pure. Cette excessive limpidité de l'atmosphère et de la clarté verse au cerveau de la lucidité.
Par des jours semblables, si nous savons nous recueillir, nous descendons jusqu'au fond de nous-même.
A marcher dans le cimetière, par les allées où si souvent nous nous sommes promenés ensemble, j'éprouve un sentiment indéfinissable: mélange d'allégresse et de regret.
Je vais à pas lents, en fauchant du bout de ma canne les herbes des plates-bandes. Et voici qu'apparaît brusquement une tache d'argent où se mirent les stèles: L'étang qui fut le terme de nos promenades du soir. Le petit coin romantique que Violaine chérissait et qu'elle élut pour dernière retraite...
Asseyons-nous sur le banc en fer ouvré. Les rayons obliques du soleil empourprent la lisière du bois. Non loin, un bouleau ondule et l'agitation de ses fines feuilles trouble un coin de ciel.
Allégresse!
J'ai découvert ma vérité propre. C'est la chose importante de la vie. Violaine avait découvert la sienne, et acceptée. J'ai toujours mêlé étroitement les enivrements du cerveau et les voluptés sensuelles. En m'abandonnant à la mélancolie jamais je n'ai abdiqué mon goût de connaissance et d'analyse. Je ne comprends point ceux qui ne vivent que de la tête, ceux qui ne vivent que du cœur ou de la chair. En moi, chaque faculté exige son dû, chaque puissance sa satisfaction. Chaque saison a sa beauté, chaque ciel, ou gris ou lumineux, son charme; chaque philosophie renferme son suc, chaque humain cache son secret.
Si l'on est bien persuadé de cela, la vie ne peut paraître médiocre et dénuée d'intérêt.
Chacun construit sa vie pour soi et l'organise à son gré. Tel jeune homme rêve de monter d'un cran dans l'ordre social, tel autre de conquérir la fortune, la célébrité. Cette jeune fille songe au mariage riche, cette autre au beau don Juan. (p. 168-170)

Rex Desmarchais sur Laurentiana

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